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HHhH (2017) de Cedric Jimenez
Reinhardt Heydrich est chassé de la marine allemande à la suite de la plainte d’une jeune fille qui l’accuse de s’être parjuré après lui avoir promis le mariage.
Il se fiance avec Lina Von Osten, une jeune aristocrate qui le pousse à s’inscrire au parti nazi d’Adolf Hitler.
Quelques années plus tard, il est devenu le plus proche collaborateur d’Himmler. Il est responsable de la SD qui dirige, entre autres, la gestapo et s’occupe de l’élimination des Juifs dans les territoires occupés.
En 1941, Heydrich devient gouverneur du protectorat de Bohème Moravie. Il fait éliminer les opposants, les membre de l’ancien gouvernement tchèque et les Juifs.
A Londres, le gouvernement tchèque en exil décide de lancer un commando pour éliminer Heydrich.
« Depuis des années que je porte ce livre en moi, je n’ai jamais pensé à l’intituler autrement qu’Opération Anthropoïde (et si jamais ce n’est pas le titre que vous pouvez lire sur la couverture, vous saurez que j’ai cédé à l’éditeur qui ne l’aimait pas : trop SF, trop Robert Ludlum, paraît-il…) »[1]
Visiblement, l’éditeur de Laurent Binet a eu gain de cause puisque le titre qu’on peut « lire sur la couverture » est HHhH : « Himmlers Hirn heißt Heydrich » (« le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich »).
Prix Goncourt du premier roman, le livre est plus qu’un roman ou un essai : c’est le roman d’un essayiste.
Laurent Binet n’est pas un historien. Il est agrégé de lettres. Et lorsque je parle d’essai, pour le présent livre, il s’agirait d’un essai littéraire et non d’un essai historique.
Binet relate des faits et mélange les faits avérés (traités, faits historiques…) et anecdotes pas toujours authentiques et souvent inventées par l’auteur lui-même, ce que tout le monde, fait mais qu’il est le seul à revendiquer.
Et le livre est passionnant, car il devient une interrogation sur le bien fondé d’un roman historique ou de l’Histoire romancée. Jusqu’où peut-on inventer ? Dans quelle mesure peut-on se permettre « d’enjoliver » l’Histoire ?
Il n’y a pas moins de sept films sur l’attentat de Prague au cours duquel Heydrich fut exécuté : Hitler’s Madman de Douglas Sirk, Hangmen Also Die (Les Bourreaux meurent aussi) de Fritz Lang, Attentät (Commando à Prague) de Jiři Sequens, Operation Daybreak (Sept hommes à l’aube) de Lewis Gilbert, Lidice de Petr Nikolaev, Opération Anthropoïde : éliminer le SS Heydrich de Jarmila Buzkova et Anthropoid de Sean Ellis.
Les deux premiers sont américains et quasiment contemporains des faits, le troisième est tchèque et date de 1964, le quatrième est americano-tchéco-yougoslave et date de 1975, le cinquième est tchèque et date de 2011, le sixième est un documentaire franco-tchèque de 2013 et le septième est franco-britannico-tchèque produit en 2016 mais jamais sorti sur grand écran.
Je n’ai vu que deux de ces films, mais il y a fort à parier qu’ils sont TOUS bien meilleur que ce très mauvais film long, poussif et surtout très bête, ce qui choque d’autant plus qu’il se réclame du roman de Laurent Binet.
Heydrich est (mal) interprété par Jason Clarke qui s’est fait une tête de garçon boucher qui ne correspond en rien au physique « raffiné » du « cerveau d’Himmler ».
On ne retrouve absolument pas dans ce ratage le réalisateur de l’excellent Aux yeux de tous.
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