dimanche 19 juin 2022

L’Évènement

 

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L’Évènement (2021) d’Audrey Diwan

Anne est une brillante étudiante en lettres à l’université d’Angoulême. Lorsqu’elle s’aperçoit qu’elle est enceinte, c’est une catastrophe, car nous sommes en 1963 et si l’avortement n’est plus passible de la peine de mort, il mène tout droit en prison à la fois l’avorteuse et « l’avortée ».

Anne essaie donc « d’opérer » elle-même et échoue.

Elle consulte deux médecins : le premier refuse et le second, bien pire, lui prescrit un médicament dont il prétend qu’il « pourrait » provoquer une fausse couche, mais qui, en fait, est prescrit habituellement aux femmes qui ont des débuts de grossesse difficile, mais tiennent absolument à mettre leur enfant au monde.

La situation semble sans issue et Anne commence à perdre pied.

En fait, à peine sorti du film, j’étais dans l’impossibilité de dire clairement si Anne réussissait à avorter ou non.

Car, bien plus que l’histoire d’un avortement, L’Évènement est un film de guerre comme l’ont souligné plusieurs critiques et ce n’est certes pas pour rien qu’il a obtenu le Lion d’Or à la Mostra de Venise.

Douze ans avant le loi Veil, une femme qui entreprend d’avorter est hors-la-loi, c’est une guerrière, une résistante ! Et cette guerre est exclusivement une guerre de femmes ! Du reste, le géniteur dans le film, le « mâle », n’est même pas odieux, il n’est… rien !

Rappelons qu’une des dernières femmes guillotinées en France le fut en 1943 pour fait d’avortement[1].

Dans ce film, le mot « avortement » n’est jamais prononcé, mais, en revanche, nous assistons à deux scènes très pénibles « d’auto-avortement ». Et lorsqu’Anne a finalement affaire à une authentique « faiseuse d’ange » (magnifique Anna Mouglalis !), celle-ci l’avertit tout de suite : « Au premier cri, j’arrête !... »

L’Évènement est une œuvre plus qu’utile dans une période où certains états et la cour suprême de « la plus grande démocratie du monde » remettent en cause le droit que j’estime (et je ne suis pas le seul) inaliénable, celui des femmes à disposer d’un corps qui leur appartient… le leur !



[1] Marie-Louise Lampérière, épouse Giraud, fut condamnée à mort le 8 juin 1943 et exécutée le 30 juillet 1943 pour faits d’avortement. Contrairement à ce qui a souvent été dit lors de la sortie du film de Claude Chabrol Une affaire de femmes (1988), « l’avorteuse » ne fut pas la dernière femme guillotinée en France. Deux autres femmes seront exécutées l’une en 1947, l’autre en 1949, les deux pour avoir assassiné leurs maris.

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