Bird People (2014) de Pascale Ferran
Gary Newman arrive des Etats-Unis et s’installe dans un hôtel proche de l’aéroport de Roissy.
Dans cet hôtel, Audrey est femme de chambre.
Gary, qui est informaticien, subit de grosses pressions et doit parcourir le monde de réunion en réunion. Il rate un avion pour une autre réunion dans un autre pays.
Du coup, il décide de tout plaquer : son travail, sa femme, son confort.
Pendant ce temps, et tout à fait par hasard, Audrey, en se rendant sur la terrasse du toit de l’hôtel pour fumer une cigarette, va vivre une expérience extraordinaire.
Depuis son premier film, Petits arrangements avec les morts, Pascale Ferran trace un sillon singulier (et, pour le coup, réellement original) dans le ronron « conformiste » du cinéma français, un conformisme qu’on retrouve à la fois dans les grands succès « populaires », vomis avec « conformisme » par une critique « conformiste » et des films « difficiles » vantés avec « conformisme » par la même critique et rejetés par un public... « conformiste ».
Conformiste, Pascale Ferran ne l’a jamais été, même si je n’adore pas bêtement tout ce qu’elle a fait : sa tant vantée Lady Chatterley ronronnait terriblement, mais je reconnais que les films dans lesquels s’agitent des comédiens que je n’aime pas (ici, Hyppolyte Girardot) ont tendance à perdre beaucoup du capital de sympathie potentielle que j’étais prêt à leur accorder.
De plus, une voix off (une autre de mes phobies cinématographiques) soulignait tout ce que faisaient les personnages et donnait l’impression qu’on regardait, par erreur, une version pour –comme on dit ! – « mal voyants » !
Rien de tout cela ici. Pas de voix off, pas de comédiens que je n’aime pas : Anaïs Demoustier et Josh Charles sont excellents comme Roshdy Zem qu’on voit (trop) peu. Il y a bien Hippolyte Girardot, mais dans un rôle si bref que je l’avais oublié.
Il reste une histoire fantastique dans un hôtel aussi sinistre que tous ses « congénères », les hôtels de zone aéroportuaire, encore plus déprimants que les hôtels de gare et de port.
Les deux protagonistes sont des personnages emblématiques : le cadre proche du burn-out et l’étudiante qui fait des ménages. Le premier claquera la porte de sa vie actuelle en rompant avec sa femme par Skype interposé (une des scènes les plus fortes du film) et l’autre se transformera, un temps, en moineau qui servira de modèle à un dessinateur japonais avec, pour tout viatique, une chips écrasée (autre scène très forte et certainement la plus belle du film).
Décidément, Pascale Ferran n’est pas conformiste et son cinéma ne ressemble à aucun autre. Une cinématographie peuplée de Pascale Ferran serait peut-être un peu lourde à porter, mais deux ou trois cinéastes comme elle ne sauraient faire de mal.
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