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Repulsion (Répulsion) (1965) de Roman Polanski
Carole Ledoux a quitté sa Belgique natale pour venir vivre avec sa sœur Hélène à Londres. Hélène a un petit ami Michael qui est marié et que Carole ne peut pas supporter. Elle a, du reste, beaucoup de mal à supporter les hommes quels qu’ils soient. Elle est manucure dans un salon de beauté et, depuis quelques jours, elle est suivie, puis abordée par Colin, un jeune dragueur qui est de plus en plus fasciné par cette fille silencieuse et pleine de mystère.
En réalité, Carole est schizophrène et son état devient très sérieusement inquiétant lorsqu’Hélène part en voyage en Italie avec Michael en la laissant seule dans l’appartement. Elle perd toute notion de temps et elle est en proie à des fantasmes de viol. Lorsque Colin réussit à entrer après avoir défoncé la porte, elle le tue.
Les troubles mentaux, et tout particulièrement les psychoses, ont toujours attiré le cinéma. Malheureusement, cet intérêt n’a jamais produit que des films maladroits au mieux ou ridicules au pire.
Heureusement, il y a quelques exceptions comme Psychose (justement !) d’Hitchcock ou Repulsion de Polanski, deux films dont les titres simples et percutants traduisent la force et qui fascinent dans les deux cas.
Le film d’Hitchcock s’apparente à l’énigme policière : une femme qui est morte semble ne « revivre » que pour tuer.
Dans le Polanski, il n’y a pas d’énigme. Il pourrait s’agir de l’observation clinique d’un cas de schizophrénie si le metteur en scène et son scénariste, Gérard Brach n’avait eu l’idée géniale (pour une fois, le mot n’est pas trop fort) de nous faire voir tout ça du point de vue de la malade elle-même. Des murs qui se fendent, d’autres murs devenus « mous » à travers lesquels se tendent des mains qui veulent happer Carole, l’ombre d’un homme forçant une porte condamnée, nous font basculer dans un univers cauchemardesque qui est d’autant plus angoissant qu’il semble presque normal et nous renvoie à nos propres cauchemars jusqu’à nous faire douter de notre équilibre psychique.
Et on ne dira jamais assez la justesse de la prestation hallucinée de la toute jeune Catherine Deneuve qui, glacée chez Buñuel, sucrée chez Demy et marquée chez Téchiné, nous renvoie ici l’image inquiétante de la schizophrénie, maladie somme toute assez banale que d’autres, et non des moindres (Olivia de Havilland, par exemple[1]), tentèrent d’approcher, mais qui restèrent toujours très en deçà de notre actuelle star nationale, faute sans doute d’un scénario aussi parfait et d’une mise en scène aussi grandiose que ceux de Repulsion.
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