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Mammuth (2010) de Benoît Délépine et Gustave Kervern
Au moment de prendre sa retraite, Serge Pilardosse s‘aperçoit, ou plus exactement sa femme Catherine s’aperçoit, qu’il lui manque deux ou trois bulletins de salaire pour compléter son dossier.
Il part à la recherche de ses anciens patrons sur sa vieille moto, une Mammuth des années 70.
Enfin un film qui se met à la hauteur de ce qu’il montre et de ce qu’il raconte ! Du coup, on est en empathie complète tant avec Serge qu’avec Catherine.
Serge n’est pas une flèche, il est même très con, comme dit un de ses ex-patrons (sublime Siné !). Mais ceux qui l’ont fait con (les auteurs) l’aiment et, du coup, on l’aime aussi.
Toute cette galerie de personnages déjantés interprétés par d’excellents comédiens est éblouissante : de la voleuse qui se fait passer pour handicapée (Anna Mouglalis, hilarante) au gamin qui appelle sa mère parce que « il y a un bonhomme qui dort dans l’abribus… Il est gros et il pue ! » en passant par les patrons qui valent leur pesant de cacahuètes (Siné, Dick Annegarn…), le cousin avec qui on se fait une branlette (hommage-pastiche à une scène fameuse entre Depardieu et De Niro dans 1900 de Bertolucci) ou encore le charcutier du supermarché (interprété par Gustave Kervern lui-même), tout est à la fois « hénaurme » et juste. Et puis, il y a les autres : Benoît Poelvoorde, le concurrent ramasseur de pièces, donneur de leçons à qui, juste retour des choses, Serge donnera à son tour une leçon qui a un petit air de Valseuses, Depardieu oblige ! Il y a son grand amour de jeunesse interprété par Isabelle Adjani (celle de Barocco et de Camille Claudel). Le personnage de Miss Ming est, en revanche, un peu pénible.
Quant à Yolande Moreau et au « Gros Gégé », ils sont tout simplement grandioses. On n’en finirait plus de citer les scènes : l’employé de la caisse de retraite (Blutch) prêt à vomir parce que Serge saigne du nez, Catherine aux prises avec un répondeur à reconnaissance vocale ou aux prises avec une cliente au rayon poissonnerie du supermarché où elle travaille, Bruno Lochet en VRP qui fait pleurer toute la salle à manger de l’hôtel parce que son travail le sépare de sa fille, etc...
Là, on est dans le vrai sans chichis et sans les artifices bobos qui se croient à la hauteur pour parler de choses simples. On rit et on aime tout le monde. C’est bien !
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