Hangmen Also Die ! (Les Bourreaux meurent aussi) de Fritz Lang (1943)
Après l’invasion de la Pologne et la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre, l’Allemagne nazie envahit ce qui reste de la Tchécoslovaquie après, qu’en 1938, ils avaient annexé les Sudètes.
En 1941, Hitler nomme comme « Reich Protektor » l’un des plus sanguinaires nazis, l’assistant d’Heinrich Himmler, l’obergruppenführer Reinhardt Heydrich.
La résistance tchèque décide de frapper un grand coup en exécutant Heydrich et l’exécuteur est un médecin, le docteur Svoboda.
Mais à la suite de l’arrestation du chauffeur qui devait l’aider à fuir après l’attentat , Svoboda est traqué par la gestapo.
Il est aidé dans sa fuite par Masha Novotny, la fille d’un ancien professeur d’université.
La gestapo arrête des otages jusqu’à ce que le « tueur » soit retrouvé ou « se dénonce ».
Parmi les otages, il y a le professeur Novotny.
Huit films (à ce jour…) ont relaté l’exécution du « boucher de Prague », également surnommé la « bête blonde ».
Le film de Lang est le premier : le dernier (très médiocre) est (ou, plutôt, prétend être) l’adaptation de l’excellent roman de Laurent Binet HHhH.
Certains de ces films ne sont que le portrait du monstre sanguinaire, de ce déchet de l’humanité, sociopathe galonné comme on en trouve, hélas, de tout temps tout au long de l’histoire humaine, mais qui ont, il faut bien le reconnaître, particulièrement émergé sous le troisième reich. L’exécution du monstre n’y apparait que comme l’aboutissement logique, le happy end cathartique du parcours monstrueux.
Inversement, dans ce film, Heydrich est éliminé presqu’au début et le film tourne autour de l’enquête de la gestapo et le martyre de Lidice qui fut rasé et vit l’intégralité de sa population massacrée, fusillée ou déportée, n’est pas évoqué.
Plongé dans la guerre depuis l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941, les États-Unis, qui n’avaient jamais eu de très bon rapport avec le régime nazi, en devinrent les plus zélés détracteurs.
Et on pourrait estimer que cette propagande contre un ennemi (et c’est probablement ce que purent penser certains spectateurs de l’époque) était quelque peu excessive. Sauf que la réalité nazie était pire.
Heydrich n’apparait que dans une seule scène : interprété, ou plutôt, cabotiné par Hans Heinrich von Twardowski, le personnage est lourdement chargé par Lang, mais, là encore, le vrai Heydrich était pire.
Et d’une façon générale, les atrocités que nous voyons nous semblent très en deça de ce que fut le martyre de la Tchécoslovaquie et de ce que nous savons aujourd’hui.
D’un point de vue purement cinématographique, ce n’est certainement pas le meilleur film de Fritz Lang. Le scénario fut la seule contribution de Bertold Brecht à la machine hollywoodienne.
Peu habitué aux spécificités de l’écriture cinématographique, le dramaturge ne se sort pas très bien des contraintes rythmiques imposées par l’écriture d’un scénario. Visiblement Fritz Lang n’a rien fait pour rectifier le tir.
Ce qui fait que le film souffre en son centre d’un redoutable « coup de mou » avec répétitions, scènes inutiles, etc… C’est peut-être ce qui explique la durée du film de plus de deux heures, durée très excessive à l’époque pour un film qui n’était pas un « grand spectacle ».
Pour le reste, le film reste très bien et très bien interprété. En tête d’un très bon casting, Brian Donlevy, Walter Brennan et Anna Lee.
Bien évidemment et sans doute pour des raisons de confidentialité dues au fait que tout le monde savait parfaitement que les espions nazis voyaient tous les films susceptibles d’intéresser le troisième reich (surtout réalisé par un Allemand exilé et juif), les faits sont particulièrement fantaisistes mis à part l’exécution du boucher de Prague qui, elle, fut bien heureusement réelle, même si elle ne fut pas opéré par un homme seul, ce docteur Svoboda, personnage symbolique puisque « Svoboda » signifie « Liberté » en Tchèque, comme dans toutes les langues slaves.
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