vendredi 23 décembre 2022

Brewster McCloud

 

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Brewster McCloud (1970) de Robert Altman


Un ornithologue fait un cours magistral sur le comportement des oiseaux.

 

Dans un gigantesque « Astrodôme », une vieille milliardaire déguisée en « Lady Liberty » chante (très mal) l’hymne républicain. Sans le savoir, elle dérange un jeune homme qui vit, clandestinement, dans l’abri anti-atomique de l’Astrodôme. C’est Brewster Mac Cloud qui étudie depuis longtemps les possibilités de voler comme un oiseau. Il est très près de l’aboutissement de ses recherches et tout ceux qui essaie de l’entraver sont retrouvés étranglés, avec de la fiente d’oiseaux sur le visage.

Ça démarre sur des chapeaux de roues : le lion de la M.G.M. a oublié son texte et un ornithologue bizarre, mais pas encore déjanté, fait son cours. Une vieille peau, dans un gigantesque stade couvert (« l’Astrodôme »), s’essaie avec sa fanfare à l’hymne républicain qu’elle chante faux et le générique commence. Mais comme ça ne convient pas à la vieille peau, elle hurle et recommence depuis le début. Le générique aussi.

Habituellement, les films qui montrent des cons sont vite lassants. Ici, nous avons droit à une palette assez large : le politicien pourri et son jeune « collaborateur » qui le suit partout en ayant les mêmes mimiques ringardes que son patron (comme celle de réajuster ses boutons de manchette), le détective adulé aux caprices de star et au regard (faussement) bleu, le flic maladroit qui le seconde, la vieille milliardaire capricieuse, la jeune gourde prétentieuse, le flic pourri qui pratique le racket, son fils boutonneux, sa femme battue qui sera visiblement ravie de devenir sa veuve, la petite épicière hystérique, le milliardaire taré et sadique, tous sont malades de connerie.

Seuls Brewster et son mentor Louise qui est aussi sa protectrice pourrait nous réconcilier avec l’humanité… s’ils en faisaient réellement partie. Car Brewster Mac Cloud est sans doute le film le plus misanthrope du grand misanthrope Altman.

Il s’agit presque d’un documentaire qui examine la connerie à la loupe. Je dis connerie et non connerie humaine qui est une expression totalement pléonastique : la connerie est toujours exclusivement humaine, n’en déplaise à Chaval qui prétendait que les oiseaux sont des cons.

Ici, les oiseaux ne sont pas des cons, ils tuent les cons pour notre plus grand plaisir. Plus drôle que MASH, plus cynique que Un mariage ou The Player,  Brewster Mac Cloud est un chef d’œuvre dont on ne parle guère et qui semble presque oublié, plus de trente ans après sa réalisation.

C’est un grand film intelligent, tout à fait digne du chef d’œuvre auquel il rend hommage dans son générique de fin, un générique parlé (comme l’était celui de MASH) sur une parade de cirque, cousine de la parade finale de Huit et demi.

Altman fait partie des grands maîtres du cinéma, car il possède une qualité de plus en plus rare dans le métier, l’intelligence. Et cette intelligence caustique, c’est tout ce qu’il faut pour montrer des cons et les stigmatiser.

Altman et son talent sont des bienfaiteurs de l’humanité.

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