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Tehroun (تهران ) (Téhéran) de Nader T. Homayoun (2009)
Ibrahim gagne sa vie en mendiant dans les rues de Téhéran.
Mais comme il est plus rentable de mendier en se faisant passer pour un veuf et avec un enfant dans les bras, Ibrahim a loué un bébé à un trafiquant d’enfants.
Sa femme, enceinte, est restée en province, mais elle arrive à Téhéran et Ibrahim lui cache son « activité ». Il est obligé de laisser le bébé à son ami Majik. Mais celui-ci se fait voler l’enfant par une pseudo étudiante, en réalité prostituée.
Le prétexte du film policier permet d’appréhender la vie quotidienne à Téhéran, ce qui fait que s’il n’a rien d’un thriller, il est un film noir… dans tous les sens du terme.
La première partie est relativement calme. Tout bascule après le rapt de l’enfant.
Tehroun, c’est Téhéran en argot persan et à l’image de cet argot, le film nous plonge dans les milieux populaires iraniens et réussit à tout exposer, mais sans insister : au pays des mollahs, il est sage de ne pas faire de bruit !
Mais tout est dit et le régime nous est montré sans fard, mais sur un ton allusif. Au pays des fous de dieu, il n’y a pas de putes, mais les femmes qui se prostituent volent des enfants. Et ces enfants sont marqués comme du bétail par un trafiquant ignoble dont on subodore qu’il bénéficie d’une cécité bienveillante des autorités « incorruptibles » de ce pays gangrené. Il est assez remarquable que ce film ait pu être exporté : ça tend à prouver, si besoin en était, que la censure est à la fois pourrie, veule et stupide, en Iran comme ailleurs.
Visiblement, la pourriture bénéficie de tous les appuis, ce qui semblait déjà évident depuis la « réélection triomphale » d’un président sortant, honni de la population, incompétent, stupide et arrogant (ça en rappelle d’autres, plus proches de nous !), mais soutenus par les mollahs, ces « merveilleux hommes de dieu » qui détiennent toutes les (nombreuses) richesses du pays entre leurs mains mafieuses.
Les paysans pauvres venus en ville pour tomber dans une misère pire que celle qu’ils connaissaient, ça fait bien sûr penser à Los Olvidados de Buñuel.
Les héros de Téhéran sont aussi des oubliés qui peuvent disparaître ou se faire poignarder au milieu d’un hall de gare et ceux qui tirent les ficelles, « hommes de dieu » dans ce cas précis, ont partout le parfum déplaisant des mafias du pouvoir.
C’est la triste « morale » de ce film tourné dans l’urgence et sans autorisation (tiens donc !) qui nous montre dans la plus grande clarté que la « théocratie » est sans doute le mode de pouvoir le plus pourri qui existe. Dieu n’étant qu’une hypothèse, il est facile de lui faire dire ce qu’on veut !
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