dimanche 25 décembre 2022

Golda Maria

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Golda Maria (2020) de Patrick et Hugo Sobelman

En 1994, Patrick Sobelman recueille les confidences de sa grand-mère, Golda Maria Toudovska.

Elle naît en 1910 en Pologne. Elle mourra cent ans plus tard, en France.

Toute petite, elle quitte son pays natal pour l’Allemagne et elle garde un bon souvenir de son enfance dans ce pays d’accueil qu’elle va quitter au début des années 30 pour les raisons qu’on imagine.

Mais le nazisme va la rattraper en 1944. Elle est déportée à Auschwitz avec son fils de 10 ans qui est assassiné dès leur arrivée.

Au retour, elle refait sa vie avec une nouvelle famille.

C’est le plan fixe d’une vieille dame face caméra (entrecoupé de quelques photos) qui raconte sa vie et c’est passionnant !

Comme beaucoup de juifs ayant connu la période nazie, elle va perdre toute une famille et vivre, en quelque sorte, une deuxième vie avec une deuxième famille. Et c’est le petit-fils (et l’arrière-petit-fils) qu’elle aura dans cette deuxième vie qui va recueillir son autobiographie filmée et l’histoire de sa première vie.

Golda, qui préférait qu’on l’appelle Maria, parlait Allemand depuis que sa famille s’était installée en Allemagne et elle garde de bons souvenirs de ce premier pays d’accueil. En revanche, elle n’aimait pas le yiddish (qu’on parlait dans sa famille).

Elle parle longtemps de sa vie qui est celle d’une certaine bourgeoisie juive allemande qui sera balayée par la Shoah. Après s’être réfugiée en France dans les années trente, elle sera déportée dans l’avant-dernier convoi qui quittera Drancy en 1944.

Les confidences qu’elle fait à son petit-fils ne représente pas moins de 10 heures de rushes.

Son récit, comme souvent les récits de survivants de la Shoah, est sans fioriture, mais elle parle tout de même de moments qu’elle trouve « très beaux » au milieu de l’enfer comme les adieux muets que font celles qui restent à Drancy aux déportées promises à la mort.

Patrick Sodelman a produit en 1992 le documentaire Premier convoi de Pierre-Oscar Levy à propos des déportés de la « rafle des notables » à une époque qui, cinquante ans après les faits, voyait enfin les (quelques) survivants commencer à raconter leurs déportations vers les camps de la mort.

À partir de souvenirs disparates et des inévitables redites, Patrick et Hugo Sodelman ont remonté et organisé les dix heures de documents bruts qu’ils avaient de leur grand-mère et arrière-grand-mère.

La seule « intervention musicale » du film, c’est la berceuse Yiddish Dona-dona (que l’inévitable « Cloclo » massacra en 1964).

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