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Un sac de billes (2017) de Christian Duguay
Joseph Joffo rentre à Paris, chez ses parents, en juin 1945.
C’est un peu plus de trois ans plus tôt qu’il a quitté son quartier de Ménilmontant alors que la deuxième loi sur le statut des Juifs vient d’être mise en application.
Roman Joffo, coiffeur à Ménilmontant, est arrivé en France après avoir fui les pogroms de sa Russie natale. Il sent bien qu’il doit fuir avec les siens de nouveau. Il est donc obligé de jeter ses deux plus jeunes fils, Joseph et Maurice, sur les routes.
Ils doivent se rendre à Nice où la famille se regroupera avec Roman et Anna, leurs parents, Albert et Henri, leurs frères aînés.
Quarante-deux ans après Jacques Doillon, Christian Duguay adapte le roman autobiographique de Joseph Joffo.
J’ai dû voir la version de Doillon quelques années après sa sortie et je n’en suis même pas sûr. J’aurais donc beaucoup de mal à établir une comparaison.
Mais dans la mesure où juste avant Un sac de billes, Doillon avait réalisé Les doigts dans la tête, un film très « gaucho », et au vu de la filmographie de Doillon, on peut bien imaginer que le film était très différent de celui-ci.
Dans cette version très « classique », il ne manque aucune des « scènes à faire » et le tout est baigné d’une musique sirupeuse et envahissante qui plombe le tout et qui nous semble, dans ce qui est considéré (à juste titre !) comme la plus grande tragédie des temps modernes, peut-être plus « abject » que le travelling sur le visage d’Emmanuelle Riva dans le Kapo de Gillo Pontecorvo tel que l’avait qualifié Rivette de façon quelque peu hystérique et excessive (donc sans valeur).
Certaines répliques sont également particulièrement malvenues comme le « Je te porterai jusqu’au bout du monde s’il le fallait » de Maurice à Jo. Certes le réalisateur « rattrape » sa maladresse lorsqu’au plan suivant, il montre que Maurice n’a pas porté Jo « jusqu’au bout du monde », mais sur une très courte distance.
De même, le cri de Jo, « Je suis juif ! » à la libération est un petit peu trop « cinématographique ».
En somme, le film est, comme souvent, un peu « Dossiers de l’écran ». Et on peut se demander quelle est l’utilité de ce remake un peu roublard. « Pour raviver la mémoire » dit Christian Duguay. Ouais… admettons !
Mais tout ça se laisse voir et c’est loin d’être déshonorant. Une réplique fait apparaître ce qui était une des problématiques très clairement explicitée, à posteriori, par Joseph Joffo dans le roman : alors que le « Reich de 1000 ans » voulu par Hitler est en train de s’écrouler, des officiers SS, la garde prétorienne du « führer », n’ont rien d’autre à faire que de traquer deux gamins pour leur faire avouer qu’ils sont juifs. Lamentable et dérisoire défense de ceux qui se sont crus « maîtres du monde » et qui ne seront bientôt plus rien.
Reste l’impeccable casting : Bernard Campan, en vieux maréchaliste, et Etienne Chicot, en curé débonnaire, sont, comme toujours excellents, Kev Adams et Christian Clavier surprennent par la sobriété de leur jeu. Patrick Bruel et Elsa Zylberstein sont les parents Joffo, à la fois sobres et émouvants.
Mais, évidemment, ce sont Dorian Le Clech et Baptyste Fleuryal (respectivement Jo et Maurice) qui emportent la mise haut la main puisqu’ils sont presque de toutes les séquences.
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