jeudi 9 décembre 2021

Une femme iranienne

 

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Aynehaye roberoo (Une femme iranienne) de Negar Azarbayjani (2011)

Rana rend visite à son mari Sadegh en prison. Pour le faire sortir de prison, il faudrait beaucoup d’argent, car il a été condamné pour faillite frauduleuse et seul un remboursement complet pourrait le faire libérer.

Rana, à l’insu de son mari et de sa famille, est chauffeur de taxi. Pour ne pas avoir d’ennui, elle ne prend que des femmes comme passagères.

Adineh est transexuelle. Elle voudrait se faire opérer en Allemagne pour devenir un garçon, mais elle doit récupérer son passeport et son père « pour effacer sa honte » veut la marier à son cousin. Elle fuit la maison de son père et, par hasard, se retrouve dans le taxi de Rana.

Voici donc le deuxième film iranien de l’année qui se passe pour l’essentiel dans un taxi (encore que Taxi Téhéran de Panahi se passe INTÉGRALEMENT dans le taxi).

En fait, ce sont les seuls points communs qu’ont ces deux films.

Bien entendu, le film de Negar Azarbayjani est observé à la loupe comme celui d’une cinéaste douée, certes, mais débutante, alors que Pahani est un cinéaste « reconnu », ayant pignon sur rue, fêté, adulé, primé, bref…encarté.

Pour être tout à fait juste, les critiques du film de la jeune femme sont plutôt positives.

Pahani, comme tous les cinéastes un peu trop fêtés, a tendance à se montrer un peu égocentrique.

Negar Azarbayjani se contente de faire un film profondément féministe, ce qui, au pays des mollahs, peut facilement passer pour de la provocation.

Certes, le discours final de Rana au père d’Adineh, fait un trop prêchi-prêcha et le happy-end, grâce à la révolte du frère fait un peu trop artificiel, mais pour tout le reste, le film sonne tout à fait juste.

Comme sonnent juste les scènes pendant lesquelles Rana rejette Adineh : comment, en effet, dans ce pays où la femme est toujours un citoyen de seconde zone, une femme qui est obligée de faire un métier « d’homme » que la société lui interdit, une femme qui brave donc, précisément, les interdits peut comprendre une autre femme qui, pour elle, ne fait que de la provocation.

Rana ne comprend pas, tout au moins au début que Radimeh ne peut faire autrement que de braver les interdits si elle veut vivre. Sa prise de conscience est, certes, un peu démonstrative et quelque peu artificielle.

Mais le film est bien construit et Ghazal Shakeri (Rana) et Shayesteh Irani (dans le rôle difficile d’Adineh) sont les dignes titulaires de leurs deux beaux rôles dont on finit par se demander lequel des deux est la « femme iranienne » du titre.

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