samedi 9 janvier 2021

Carrie au bal du diable

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Carrie (Carrie au bal du diable) de Brian de Palma (1976)

 Carrie n’est pas très douée au volley-ball. D’ailleurs, elle n’est pas très douée d’une façon générale et ses compagnes de classe ne l’aiment pas beaucoup.

Lorsque Carrie voit du sang entre ses cuisses alors qu’elle prend sa douche après un match de volley, la jeune fille est prise de panique et ses compagnes se moquent d’elle.

Bien qu’âgée de 15 ans, ce sont ses premières règles et sa mère ne lui a jamais parlé des « choses de la vie ».

Madame White est une folle mystique et elle a, depuis toujours, l’habitude d’enfermer sa fille dans un placard sous l’escalier quand elle la punit.

Mais Carrie, s’est aperçu, depuis peu, qu’elle pouvait déplacer les objets à distance, sans les toucher.

Je ne sais pas si la télékinésie est un « pouvoir » réel que posséderaient certaines personnes. Mais, comme tout ce qui est supranaturel (comme la métempsychose, la télépathie ou la communication avec les morts, sans oublier la religion), on dirait que la télékinésie est une invention commode pour les romanciers ou les scénaristes.

Huitième long métrage de De Palma, Carrie est son deuxième film sorti en France et ce sera un grand succès. Son film précédent Phantom of the Paradise, bien qu’étant « officiellement » une adaptation rock du Fantôme de l’Opéra de notre Gaston Leroux national, puisait également chez Goethe (Faust) et Wilde (Le Portrait de Dorian Gray). D’un point de vue purement stylistique, on sentait déjà la dévotion de De Palma pour Hitchcock.

Curieusement, c’est sans doute Carrie le moins hitchcockien de ses films de cette époque-là. Certes, le coup de théâtre final qui faisait décoller les spectateurs des salles de leurs sièges (je le sais, j’y étais, j’ai décollé) fait penser aux réactions du public dans Psychose, par exemple.

Mais ici, le film entier est dédié à l’action. Aucune scène ne vient « délayer » le reste, comme une mise en situation psychologique (la scène du musée dans Pulsions, double exact d’une scène équivalente dans Vertigo).

De Palma se contente de placer, ici ou là, des indices prémonitoires : le Saint Sébastien aux yeux blancs et lumineux devant lequel Carrie est censée prier lorsqu’elle est enfermée dans le placard a une coiffure invraisemblable, la même coiffure « en pétard » de Piper Laurie dont la dernière image d’elle dans le film est bien celle de Saint Sébastien puisqu’elle est lardée de couteaux et de pointes diverses après sa mort violente qui, au passage, a provoqué son dernier orgasme.

Au niveau de l’interprétation, le film est dominé par trois femmes : la méchante Chris Hargensen est interprétée par celle qui, gentille ou méchante, jouait toujours les putes dans les films de De Palma et qui était son épouse à l’époque, Nancy Allen.

La fabuleuse Piper Laurie est hallucinante (et hallucinée) dans le rôle de Margaret White, bigote hystérique et démoniaque qui ne s’est jamais remise d’avoir été plaquée par le père de Carrie (on comprend le pauvre homme !).

Quant à Carrie, c’est Sissy Spacek, 27 ans au moment de la réalisation du film et fabuleusement crédible en godiche de 15 ans qui a ses premières règles.

Les autres interprètes, tout en étant parfaitement convenables, sont beaucoup plus banals, que ce soit Amy Irving dans le rôle de la gentille Sue ou le quasi-débutant John Travolta dans le rôle du petit loubard Billy Nolan. William Katt en blondinet faire-valoir fait ce qu’il peut dans un rôle inintéressant.

Avec le temps, Carrie a pris une jolie patine et il est maintenant un peu considérer comme un film-culte.

En 2013, Kimberly Peirce s’est cassé les dents sur un grotesque remake complètement raté.

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