Los Amantes pasajeros (Les Amants passagers) de Pedro Almodovar (2013)
Lorsque le technicien de piste oublie de retirer les calles sous le train d’atterrissage de l’avion qui va redécoller pour Mexico quelques minutes plus tard, il compromet involontairement la vie des occupants de l’avion.
Ils sont sept passagers en classe affaire : un couple de jeunes mariés totalement fatigués par la cérémonie, un séducteur qui veut appeler sa maîtresse à qui il a posé un lapin, un Mexicain étrange et inquiétant, une voyante qui a « vu » qu’elle allait perdre son pucelage dans l’avion, un escroc qui fuit l’Espagne avant d’être arrêté et une spécialiste du courrier du cœur, gloire nationale complètement paranoïaque.
Côté personnel de vol, trois stewards dont l’un est l’amant du commandant de bord, le commandant de bord lui-même et le copilote hétérosexuel qui flirte avec l’homosexualité.
L’imminence d’une mort probable va les faire tous se dévoiler.
Depuis Pepi, Lucy, Bom et autres filles du quartier (1980), Almodovar se spécialisa, pour un temps, dans le film à l’humour déjanté qui devint la marque de fabrique du cinéma de la « Movida ».
Puis il se mit à faire du mélodrame dans lequel il faisait des allusions à un second degré pas toujours perceptible (Matador, La Loi du désir…).
Enfin, il réalisa ce qui reste, pour moi, son chef d’œuvre, le film qui lui réussit le mieux et qu’il a le mieux réussi, Femmes au bord de la crise de nerfs (1988).
Depuis vingt-cinq ans, donc, chacun de ses films est scruté, disséqué et on y cherche toujours un second degré, sauf peut-être dans Parle avec elle (2002).
Avec Les Amants passagers, il revient à la même veine comique déjanté.
Tout n’est pas d’une grande finesse, mais le film est plaisant. Le mot le plus usité dans le dialogue, c’est « malecón » puisque sur les cinq hommes d’équipage, trois sont homosexuels, un quatrième est bisexuel (le commandant de bord) et le cinquième, prétendument hétérosexuel se fait « faire une gâterie » par l’un des stewards.
Autre grand atout, une distribution excellente qui « joue le jeu » à fond : Lola Dueñas, la voyante encore vierge, Cecilia Roth, la spécialiste du courrier du cœur et, semble-t-il, du chantage sexuel, l’équipage avec Paul Arévalo, Javier Càmara et Hugo Silva sans oublier les deux clowns ennemis de Balada Triste, Carlos Areces (le steward Fajas) et Antonio de la Torre (le commandant de bord), ni, bien sûr, les « cameos » de Penelope Cruz et Antonio Banderas dont les (tout) petits rôles sont essentiels au déroulement de l’histoire, une histoire Almodovar ancienne manière, avec des calles-roues qui risquent de provoquer la chute de l’avion en étant rester dans le train d’atterrissage et le téléphone portable d’une maîtresse prête à se suicider par amour pour un homme qui tombe dans le panier d’une ex-maîtresse du même homme qui passait par là à bicyclette (!).
Et ce ne sont que deux exemples parmi d’autres !
D’une façon générale, nos critiques nationaux ont, à quelques exceptions près, jouer les culs serrés, ce qui est une faute de goût quand il s’agit d’Almodovar !
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