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The Voices (2014) de Marjane Satrapi
Jerry Hickfang vit à Milton : il est manutentionnaire dans une usine de baignoires. Il est en train de tomber amoureux de Fiona, la petite Anglaise de la comptabilité.
Bosco, son gros chien pataud, lui conseille la gentillesse et le romantisme. Mr Moustache, son chat persifleur, lui donne des conseils beaucoup plus expéditifs.
Jerry a vraiment besoin de l’aide de son chien et de son chat, mais lorsqu’il prend ses médicaments, ils ne lui parlent plus.
Alors, il ne prend plus ses médicaments. Pourtant, il devrait continuer à les prendre, car tout ça risque de très mal se terminer.
Enfin, une vraie histoire de fous !
The Voices est une production 100% américain, mais la conception, l’histoire et les dialogues n’ont rien d’américain. Les Américains en général et le monde hollywoodien en particulier éprouvent une certaine répugnance à parler de folie et rares sont les « histoires de fous » qui font des succès au box-office.
Il y a bien La Fosse aux serpents d’Anatole Litvak qui reçut cinq oscars, d’où, sans doute, le succès qu’il remporta. Il y a aussi Soudain l’été dernier de Mankiewicz : malgré trois nominations, le film n’obtint aucun oscar, mais cette fois, le succès vint des noms prestigieux de Tennessee Williams, Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift : le nom de Mankiewicz n’avait pas, à l’époque, le prestige qu’il a aujourd’hui.
Mais un film comme Shock Corridor, film-culte en Europe n’a certes pas, outre-Atlantique, l’aura qu’il a ici, sauf peut-être chez certains intellectuels. C’est dire qu’un film de fous, réalisé par une réalisatrice désormais française, mais iranienne d’origine, ne va certainement pas déclencher un succès colossal.
De plus, ça peut même être considéré par les Américains comme un film déplaisant à leur endroit : son appartement modeste, mais propret, la boîte où il travaille qui ressemble à un décor de film de Jacques Demy, n’est-il pas, un tout petit peu, une allégorie d’une Amérique qui « n’aurait pas pris ses médicaments » ? Les cinéastes américains sont très terre à terre et n’ont certainement pas apprécié.
Cela dit, la tribune qui sévit sur les ondes nationales et, qu’à mon grand regret, il m’arrive de citer, a presqu’unanimement descendu cet excellent film, oui excellent film, qui s’est donc pris une volée du présentateur (Jérôme Garcin), d’un critique intelligent (Leherpeur), du critique du Figaro (Neuhoff) et de l’inénarrable Diafoireux de la critique cinématographique française. Seule Danièle Heymann a semble-t-il trouvé beaucoup de plaisir à voir ce film.
Et, encore une fois, le divorce semble total entre ces critiques bobos et le public : aucune des personnes de mon entourage n’a émis la moindre chose négative sur ce film.
En plus du caractère comique de la chose, nous sommes bel et bien face à une œuvre cinématographique, puisque l’image ment : et nous voyons pratiquement tout le film avec les yeux de Jerry qui « ne veut pas prendre ses médicaments ». Et lorsqu’un autre personnage nous permet, à travers sa propre vision de voir la « réalité vraie », l’appartement, les paquets, les Tupperware et… le contenu du frigo, on voit bien que quelque chose ne va pas et que cet autre personnage ne va pas vivre longtemps.
Du coup, on n’est plus très sûr de ce qu’on voit ou de ce qu’on a vu et même la mort « accidentelle » de Fiona devient sujette à caution.
Ryan Reynolds est un très convaincant Jerry, un doux dingue, doux, mais dangereux !
N’en déplaise aux pisse-vinaigres de la critique bobo bien-pensante et malgré un générique de fin-épilogue passablement grotesque et franchement ratée, The Voices est un film tonique.
Avec ou sans médicament !!!
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