lundi 11 janvier 2021

Almanya

 

***

Almanya – Wilkommen in Deutschland (Almanya) de Yasemin Şamdereli (2011)

 A l’école, une école primaire allemande, les petits garçons disent d’où sont originaire leurs familles et la maîtresse marque la carte de l’Europe d’une pointe de couleur.

Mais lorsque Cenk, six ans, doit donner le nom de la ville où sont nés ses grands-parents, le petit village d’Anatolie ne figure pas sur la carte de l’Europe.

Sa cousine lui raconte alors l’arrivée de leur grand-père Hüseyin sur le sol allemand.

Or, il se trouve qu’après des dizaines d’années d’attente, Hüseyin est enfin devenu allemand.

Et c’est avec son passeport allemand tout neuf et entouré de sa famille qu’il compte retourner dans son village natal pour que la famille au grand complet « retape » la maison qu’il vient d’acheter et qui a besoin de « quelques travaux ».

Les « Feel Good Movie » ont assez mauvaise réputation. C’est comme si les nantis que nous sommes avaient besoin de l’adrénaline que peut secréter le fatum du malheur du monde pour se sentir bien ou, simplement, se sentir exister.

Certains ont donc boudé « l’angélisme » de cette jolie comédie. Et ils ont négligé le concept de « comédie intelligente ».

Car derrière le comique de situation, il y a ici une réflexion simple (mais non simpliste) sur l’immigration.

Après quarante ans de vie en Allemagne, ce n’est pas tellement ce fameux passeport, tellement convoité par sa femme plus que par lui, qui fait de Hüseyin un Allemand, c’est le fait d’avoir un petit-fils qui ne sait pas où est cette contrée lointaine qu’on appelle l’Anatolie. C’est aussi le fait d’y retourner pour y (re)construire une maison.

Entre le grand père qui ne comprenait ni l’Allemand, ni les Allemands et le petit-fils qui ne comprend ni le Turc, ni les Turcs, l’immigration a fait son œuvre.

Evidemment, tout n’est certainement pas aussi rose pour les « nouveaux Allemands » et lorsque le drame intervient, le film se met à flirter avec le mièvre.

Mais la « partie » comédie est tout à fait réussie avec des gags surréalistes qui font mouche, comme ce cauchemar qui ouvre le film et que fait Hüseyin dans lequel le fonctionnaire qui lui donne son passeport lui annonce que maintenant qu’il est Allemand, il devra « manger du porc, regarder Tatort à la télé et passer ses vacances aux Canaries ».

On a là tout le comique de situation qui fait le charme de ce film, une situation distanciée par le récit d’une tierce personne ou la perception qu’en a l’auditeur du récit, un petit Allemand de six ans nommé Cedric Yilmaz et d’origine turque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire