Voyage à travers le cinéma français (2016) de Bertrand Tavernier
Bertrand Tavernier, réalisateur depuis 42 ans, a toujours été un fou de cinéma.
Il a été assistant, puis attaché de presse, avant de réaliser son premier long métrage, L’Horloger de Saint Paul en 1974.
Toute sa jeunesse, il a hanté les salles de cinéma (de quartier) de son Lyon natal et, plus tard, lorsqu’il a pu côtoyer les gens du métier, comme Gabin qu’il cite souvent, il a pu apprendre des choses depuis la simple anecdote jusqu’à une étude plus pointue de films ou de séquences de films.
Bertrand Tavernier ne m’a jamais fasciné comme réalisateur, mais sa passion pour le cinéma et ses connaissances encyclopédiques forcent le respect et l’admiration.
Et rarement un film de 195 minutes m’a semblé aussi… court. Il n’y a aucun temps mort et surtout aucune redondance. Et la redondance est ce qui, en général, empoisonne les documentaires de long métrage sur le cinéma.
Bien sûr, il ne parle que des films qu’il vénère et, comme le titre l’indique, il n’est question que de films français. Or, Tavernier est un fin connaisseur du cinéma américain.
Mais ici, il raconte des anecdotes ou nous livre une véritable analyse filmique et c’est passionnant.
Bien sûr, le spectateur est un peu soumis à ses propres goûts… et dégoûts ; mais ça fait partie de la règle du jeu !
Ainsi, je me suis passionné pour le cinéma des années 30, 40 et 50, mais j’ai franchement calé sur la nouvelle vague qui n’a jamais été ma tasse de thé.
Mais tous les chapitres sur Renoir, Duvivier, Carné ou Melville sont passionnants.
Et il n’hésite pas à briser quelques tabous : les « jeunes loups » (Truffaut et consorts…) appelaient Renoir « Le Patron », ce qui le plaçait au rang d’intouchable. Mais Tavernier livre quelques informations peu glorieuses sur le réalisateur de La Règle du jeu : Renoir serait parti aux Etats-Unis, non pour fuir la France de Pétain, mais pour opérer un rapprochement entre le cinéma américain et ce qui allait devenir le régime de Vichy. Tavernier conclut en citant Jean Gabin qui lui avait dit : « Renoir, comme metteur, il est génial, mais comme homme, c’est une pute ! ».
Dessouder ainsi une idole autrefois intouchable de la nouvelle vague, c’est faire preuve d’une grande honnêteté.
Voilà donc un film fin, érudit, sans concession et formidablement monté.
Quel dommage que les documentaires sur le cinéma ne soient pas tous comme ça !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire