vendredi 22 janvier 2021

L’Amour avec des gants

 

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Volere volare (L’Amour avec des gants) de Maurizio Nichetti (1991)

Martina est une call-girl d’un genre assez particulier : elle assouvit des fantasmes. Deux architectes jumeaux et voyeurs, un couple en mal de veuvage, un chauffeur de taxi qui se voudrait effrayant, un cuisinier obsédé, un fétichiste de la photocopie, un bébé du troisième âge et un braqueur masochiste sont ses clients habituels.

Maurizio travaille avec son frère au doublage de films : son frère double des films porno, lui double des dessins animés. Il passe son temps à enregistrer des bruits de la rue et à s’équiper d’ustensiles qui font des bruits bizarres.

Maurizio, par hasard, va aider Martina dans son travail et les clients satisfaits de sa « prestation » exigent sa présence. Martina va donc le retrouver et tomber amoureuse. Mais les créatures de dessins animés vont s’en mêler.

Silvio Berlusconi fut, on le sait, le fossoyeur du cinéma italien qui avait été le plus florissant des cinémas européens dans les années cinquante (après avoir gangrené le cinéma italien, il allait gangrener l’Italie entière, mais ça, c’est une autre histoire !).

Très peu de jeunes réalisateurs survécurent au naufrage et aux génériques de leurs films, on retrouve souvent le nom de… Silvio Berlusconi.

C’est le cas dans les films de Nichetti. Et il est assez cocasse de voir le nom de ce gougnafier des médias associé à des productions qui dénoncent en vrac la publicité (Ho fatto splash) et la télévision façon Fininvest (Ladri di saponette).

Moins corrosif, moins inventif aussi (encore que… !), ce Volere volare n’en est pas moins original. Le personnage lunaire, myope et moustachu imposé par le réalisateur-comédien dans ses films précédents, est ici dans son élément. C’est un doux rêveur, complètement détaché du plancher des vaches (d’où le titre original « Vouloir voler ») qui va attirer, bien malgré elle, une jeune femme qui vit des rêves des autres, de leurs fantasmes. Et c’est elle qui sera obligée de rentrer dans l’univers de dessins animés de ce doux dingue qui tranche son saucisson avec les carters de son projecteur et cuit son steak sur la lanterne de projection.

Si l’efficacité du propos est un peu en deçà de son film précédent (Ladri di saponette), on ne peut que s’attendrir sur les trouvailles (les mains devenues « baladeuses » et le déguisement « homme invisible » du personnage devenu créature de dessins animés) et rire à des gags franchement originaux et innombrables : le doublage d’un film porno en bande sonore de dessin animé est un des clous du film.

On pense un peu à Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Zemeckis et on s’aperçoit que l’absence d’une grosse production à la Spielberg ne nuit absolument pas à ce film aérien qui, effectivement, vole bien plus haut que les blockbusters hollywoodiens.

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