mardi 19 janvier 2021

Stefan Zweig, adieu l’Europe

 

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Vor der Morgenröte (Stefan Zweig, adieu l’Europe) de Maria Schrader (2016)

En 1941, Stefan Zweig arrive au Brésil où il est chaleureusement accueilli. Il avait déjà traversé le pays en 1936, mais cette fois, il est apatride puisqu’il a été déchu de sa nationalité autrichienne après l’Anschlüss.

Accompagné de sa deuxième épouse Lotte, Zweig est reçu partout dans le pays, mais également en Argentine et en Uruguay.

Le couple se rend également à New York pour voir Friderike, sa première épouse qui a fui l’Europe dans des conditions très périlleuses.

C’est quand même tout à fait dommage !

Stefan Zweig a décrit la passion comme personne dans des œuvres brèves (majoritairement des nouvelles pour ce qui est des œuvres de fiction) qui, de ce fait, frappaient fort et « sec » et imprimaient sur leurs lecteurs une marque indélébile.

Brulant secret, La Pitié dangereuse, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Amok ou Lettre d’une inconnue sont des œuvres impérissables et prégnantes : qui que ce soit ayant lu une des nouvelles de Zweig (et non uniquement une de celles que je cite) ne l’oublie jamais !

Et le cinéma n’a jamais pu rendre hommage à Zweig, si ce n’est dans un chef d’œuvre absolu Lettre d’une inconnue du grand (et tellement « zweiguien » !) Max Ophuls.

Malheureusement, le grand Max Ophuls nous a quitté il y a bien longtemps. Et ce n’est pas lui qui est aux commandes ici.

Cela dit, on y trouve un curieux mélange de séquences scolaires (toute la tournée de conférences de la première partie), quelquefois interminables (comme la séquence centrale de New-York, celle de Fridie, première épouse et conscience de Zweig, qui lui reproche de ne pas s’investir d’avantage pour sauver ses compatriotes juifs du nazisme), d’autres fois très fines et très intelligentes comme la rencontre avec le maire d’une petite ville brésilienne, très compassé devant cet écrivain qu’il ne connaît pas (et dont il écorche le nom) alors que Zweig semble déjà ailleurs.  Et puis, tout à coup, le film semble frappé par la grâce comme dans la séquence de Zweig retrouvant par hasard une connaissance viennoise récemment arrivée et qui va être de nouveau son voisin ou encore la partie ultime du film, cet épilogue en un seul plan-séquence immobile qui réussit à embrasser toute la scène à travers la porte d’une armoire à glace.

Mais tout le film n’est pas, loin s’en faut et c’est dommage, de ce niveau et, pour le reste, c’est un peu long et répétitif.

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