mercredi 27 janvier 2021

Blue Jasmine

 

Blue Jasmine (2013) de Woody Allen

 Après avoir saoulé une vieille dame dans l’avion en lui racontant sa vie, Jasmine arrive à San Francisco pour s’installer avec ses souvenirs de richesse et ses valises Vuiton dans le modeste appartement de sa sœur Ginger.

En réalité, Ginger et Jasmine (née Jeannette) ne sont pas sœurs biologiques puisqu’elles ont été adoptées, ce que Jasmine ne manque jamais de mentionner.

Jasmine est choquée par le manque d’ambition de Ginger et par son goût déplorable pour les « loosers » : son « fiancé » actuel Chili et son ex-mari Augie, d’origine polonaise. Celui-ci s’est fait plumer par Hal, le mari de Jasmine qui, après avoir escroqué son entourage, s’est suicidé en prison, obligeant Jasmine à demander l’hospitalité de sa sœur.

Lorsqu’elle arrive en taxi dans le quartier où habite sa sœur, on s’attend à ce que Jasmine dise au chauffeur : « Ils m’ont dit de prendre un tramway nommé Desire… »

Depuis quelques années, Woody Allen qui n’a visiblement plus rien à dire, pompe les histoires de ses films sur des œuvres existantes.

Dans son avant-dernier film, To Rome with Love, il plagiait le premier film de Fellini, un film de Wilder et même, ce qui était plus grave, un film de Xavier Giannoli (Superstar) réalisé avant le sien, mais sorti après et qui, de ce fait, semblait faire d’Allen un plagié alors qu’il n’était que plagiaire.

Rien n’aurait empêché que Blue Jasmine se présentât comme une adaptation libre de la pièce de Tennessee Williams, rien si ce n’est deux choses !

Tout d’abord, ce cher grand artiste a la réputation d’un « auteur », c'est-à-dire de quelqu’un qui écrit ses propres scénarios qui sont, toujours, des œuvres originales.

De plus, adapter Un tramway nommé Desire, c’était s’exposer à la comparaison avec la pièce d’abord, avec l’adaptation mythique de Kazan, ensuite.

Monsieur Allen ne veut surtout pas se comparer à des grands classiques : il a raison, il perdrait beaucoup !

Alors, comparons !

Blanche Dubois était une petite fille qui avait refusé de grandir. Elle se voyait princesse et avait même trouvé son Prince Charmant. Mais le Prince Charmant rêvait, lui aussi, de Prince Charmant et, ne le trouvant pas, il était mort, laissant sa femme-enfant seule, désemparée et folle, une folie que la proximité d’un être frustre, parfaitement agressif vis-à-vis d’elle et doué d’une force érotique énorme et d’un pragmatisme assassin pour cette femme plus toute jeune, allait faire définitivement basculer.

Jasmine est folle : c’est, à y bien regarder, son seul point commun avec Blanche Dubois. Pour le reste, c’est une chieuse complètement idiote dont la seule ambition est d’exhiber son « chic » (dans le sens états-unien du terme à traduire par le mot français « friqué » qui est beaucoup moins « chic ») et sa totale imbécillité siliconée.

Le seul gogo qu’elle parvient « presque » à piéger est ce qui peut exister de plus plouc chez les friqués de la côte ouest : l’agent immobilier[1] ! Elle y parviendrait si d’une façon totalement incongrue, notre « merveilleux auteur » ne faisait intervenir en « Deus Ex-Machina » l’ex-mari (polonais, comme Stanley Kowalski !) de Ginger, le looser Augie, qui, en bonne moitié de Kowalski (l’autre moitié, c’est le fiancé actuel à qui, pour brouiller les pistes, sans doute, notre plagiaire tennesseewilliamsien a donné le nom de…Chili !!!), cassera la baraque de la gourgandine touchée de la queue d’agneau en apprenant au micheton potentiel que le mari de la pétasse était un sale escroc qui s’est suicidé en prison…

Quant à la « merveilleuse prestation » de Cate Blanchett, je dois dire qu’elle m’a laissé de marbre : les cabots (et autres cabotines) sur le front desquel(le)s on voit graver en lettres de feu « Je veux l’oscar, je veux l’oscar ! J’aurai l’oscar, j’aurai l’oscar ! » m’ont toujours donné la nausée.

Mais il faut reconnaître que le reste de la distribution est d’un niveau nettement plus élevé que celui du film lui-même : Louis CK, Andrew Dice Clay, Michael Stuhlbarg, Peter Sarsgaard et Bobby Cannavale (à qui Allen, sans vergogne, a donné un look qui le situe entre Nicholas Cage et… Marlon Brandon) sont excellents

Alec Baldwin est moins convaincant dans le rôle plus convenu de Hal, un Bernard Madhof d’opérette.

Mais celle qui rafle tout, c’est, une fois de plus, Sally Hawkins, le petit bout de bonne femme qui était déjà stupéfiante en infirmière pleine de compassion dans Never Let me Go et, surtout, en pasionaria syndicaliste dans le très brillant Made in Dagenham.

Ces bons interprètes ne sauvent pas ce médiocre petit film, mais il parviennent à le rendre supportable.



[1] En fait, ça existe aussi sur la côte est : cf un certain agent immobilier new-yorkais dont on préfèrera oublier qu’il y a peu, il était le 45ème président des États-Unis !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire