jeudi 18 novembre 2021

Avant le déluge

 

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Avant le déluge (1953) d’André Cayatte


Ils sont quatre adolescents de 17 ans. Ils sont accusés de deux meurtres. Pendant que le jury délibère, les parents se souviennent. Il y a madame Arnaud, la mère de Jean, les Boussard, parents de Philippe, les Dutoit, ceux de Richard, Monsieur Noblet, le père de Liliane ainsi que Serge de Montessan. Tous ces « parents indignes » font le point sur leur responsabilité.

Richard et Liliane sont amoureux : Philippe Boussard est pourri par l’argent de ses parents ; Jean est très lié à Daniel Epstein. Nous sommes en 1951 et la guerre de Corée plonge la France dans la crainte d’une nouvelle guerre mondiale. A la suite d’une bagarre de lycée, les cinq jeunes gens se jurent une indéfectible amitié. Cette amitié n’est pas du goût de tout le monde : madame Arnaud n’apprécie pas que son fils ait des amis au lieu de se consacrer à elle et monsieur Dutoit, ex-collabo, a été mis au ban de la société. C’est un antisémite acharné.

Las de ces lâchetés d’adultes, les jeunes veulent s’enfuir, mais pour s’enfuir, il faut de l’argent.

Evidemment, c’est du Cayatte : le trait est épais, le scénario invraisemblable et l’imbécillité des personnages est une condition nécessaire et suffisante à l’efficacité de la démonstration L’interprétation, à l’image du reste, est outrée.

Cayatte essaie pendant deux heures de nous démontrer l’innocence des jeunes et la culpabilité des parents. Mais maître Cayatte perd son procès. Ces adolescents ont tout de même des idées passablement perverses et idiotes.

Le laxisme, l’égoïsme, la paranoïa et la possessivité des parents des quatre adolescents (le cinquième est la victime, il est juif et n’a pas de parents) permet de coller un défaut majeur à chacun. Et puis, il y a « l’ordure » de service qui permet à Jacques Castelot de nous servir son numéro habituel d’aristocrate dégénéré et pervers.

D’ailleurs, chacun fait son numéro : Blier, en père intello dépassé, Balpétré en vieux parano antisémite, Isa Miranda, en beauté mûrissante qui n’accepte pas de vieillir, Frankeur, en beauf ex-« BOF », et surtout Line Noro, parfaitement ridicule dans son numéro de mère possessive jusqu’à la psychose.

Les petits malheurs de ces blousons dorés ont beaucoup de mal à intéresser. En fait, quarante-cinq ans plus tard, ils n’intéressent plus du tout, alors que des faits divers autrement plus graves s’étalent complaisamment dans nos gazettes et à la télévision, encore trop petite à l’époque du film pour faire le lit de certaine « tendance » idéologique. Mais ceci est une autre histoire.

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