vendredi 19 novembre 2021

Les Oubliés

 

***

 Under sandet (Les Oubliés) de Martin Zandvliet (2015)

Après la capitulation de l’Allemagne, l’armée danoise affecte ses prisonniers allemands au déminage des plages danoises.

Ces mines, posées par les nazis, infestent tout le littoral danois et le déminage est tout aussi mortel.

Ces prisonniers sont tous très jeunes puisqu’on sait qu’il ne restait plus que la conscription d’adolescents dans la Wehrmacht aux nazis après les lourdes pertes de la « total Krieg » du « Führer ».

Le sergent Rasmussen qui a combattu la violence nazie se voit confier une quinzaine d’adolescents que ce déminage promet plus ou moins à la mort.

On a beaucoup insisté, lors de la sortie de ce film, sur l’originalité du sujet et on a eu raison : que sont devenus les « conquérants », les soldats du « Grand Reich de mille ans » quand celui-ci s’est lamentablement écroulé ?

Bien sûr, il y a l’incontournable Allemagne année zéro de Rossellini

Quelques films ont vaguement fait allusion à ceux, nombreux qui ont été fait prisonniers par les Soviétiques et qui n’ont pu regagner l’Allemagne qu’au milieu des années 50 lorsqu’ils ont eu la chance de survivre à dix ans de captivité.

A propos de ce qu’il restait de cette armée, des vieux et des adolescents, on peut citer le fameux Die Brücke (Le Pont) de Bernhardt Wicki d’après le roman autobiographique de Manfred Gregor. Certes, les jeunes qui tenaient ce fameux Pont n’étaient qu’une milice supplétive à la Wehrmacht, mais ils pourraient tout aussi bien être les (très) jeunes soldats « oubliés » de ce film-ci.

Sur un canevas assez classique, Les Oubliés racontent simplement comment de jeunes Allemands devenaient de la chair à canon au service des alliés après avoir été pour le parti nazi… de la chair à canon.

Le canevas est classique, certes, mais il n’est ni manichéen, ni académique. S’il l’avait été, nous aurions eu dans chaque jeune une personnification lourde du nazisme, de l’anti-nazisme, de l’héroïsme contestataire, du suivisme peureux…

Or, ici, chacun des jeunes est un peu tout ça.

Et puis, il y a l’ambiance générale rendue excellement par le film, ces grandes plages qui sont dans notre imaginaire des lieux de plaisir et de détente et qui deviennent ici des No Man’s Land mortifères.

On peut regretter, peut-être, que le héros, ce sergent danois anti-nazi, donc anti-allemand (à l’époque c’était la même chose) qui, après s’être comporté comme une brute sadique, va se transformer en peu trop en gentil moniteur de colo, mais tout le reste nous semble juste, comme les manœuvres sournoises des officiers supérieurs qui ont visiblement décidé qu’aucun de ces jeunes prisonniers ne devraient en sortir vivant. C’est pourquoi j’estime, contrairement à certains critiques, le « happy end » parfaitement justifié, faute d’être vraisemblable.

Petite particularité dans le titre : Under Sandet se traduit en français par Sous le sable, comme le film d’Ozon, alors que Les Oubliés rappelle sa traduction espagnole Los Olvidados comme le film de Buñuel, bêtement titré en français Pitié pour eux.

L’ensemble du casting est à la hauteur de ce film qui aurait dû avoir plus de succès si les écrans n’étaient parasités par des « trucs » qui ne méritent certainement pas autant d’attention.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire