jeudi 14 juillet 2022

Le Narcisse noir

 

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The Black Narcissus (Le Narcisse noir) de Michael Powell et Emeric Pressburger (1947)


Dans un palais perché sur un pic dans un coin perdu de l’Himalaya, le clergé a décidé d’ouvrir une école et un dispensaire. La religieuse qui a été choisie pour diriger ce couvent est sœur Clodagh que sa supérieure actuelle trouve un peu jeune pour cette charge.

Sœur Clodagh ouvre donc son nouveau couvent dans le palais qui fut un caravansérail du prince. Elle est accompagnée par quatre autres religieuses. Un Anglais, Dean, qui est au service du général qui possède le palais, va conseiller sœur Clodagh : c’est un homme cynique qui est persuadé que les religieuses auront quitté le palais pour la saison des pluies.

Avec le temps, l’Anglais et la religieuse sympathisent, mais sœur Ruth, qui accompagne sœur Clodagh, est tombée amoureuse de Dean et jalouse sa supérieure. L’air vif des cimes himalayennes va faire s’exacerber les passions.

Jack Cardiff, le directeur de la photo, obtint pour Le Narcisse noir, un oscar. Oscar mérité, car l’image est très belle, si belle qu’elle fit au film une réputation de chef d’œuvre qui peut nous sembler quelque peu usurpée. Certes on retrouve dans une scène de chasse, des plans qui rappellent La Renarde, un des plus beaux films de Powell et Pressburger, mais cette histoire de nonnes saisies par la débauche pèse des tonnes et le scénario semble bien souvent avoir été bâclé et ne pas trop savoir où il va. Des personnages qui semblent importants comme le jeune général ou Kanchi disparaissent curieusement de l’histoire alors même que leurs interprètes respectifs (Sabu et Jean Simmons) ont au générique une place qui semble peu en rapport avec la modestie de leurs rôles, d’autant que le titre se rapporte au nom du parfum que porte le jeune général.

C’est un peu comme si l’histoire (pourtant adaptée d’un roman) semblait hésiter entre plusieurs intrigues avant d’opter pour la folie de sœur Ruth, magnifiquement interprétée par Kathleen Byron. D’ailleurs aucun des comédiens n’est en cause : Deborah Kerr, Flora Robson, Jenny Laird, Judith Furse, sont les autres comédiennes qui ne déméritent pas dans les rôles de religieuses. Seul David Farrar est un peu falot. Pour le reste, à la pâleur du scénario, on peut ajouter un certain racisme (« Les indigènes sont de grands enfants » déclare Dean) tout à fait dans l’esprit de l’impérialisme britannique victorien.

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