****
West Side Story (2020) de Steven Spielberg
À la fin des années 50, le quartier « Upper West Side » new-yorkais est promis à la démolition en vue de la construction en ses lieux et places du futur « Lincoln Center ».
Dans ce quartier très populaire, les bandes s’affrontent.
Il y a, notamment, les Jets qui sont les « caïds » de la rue : ce sont des New-Yorkais d’origine européenne pour la plupart.
Mais depuis peu, des Porto-Ricains veulent ravir aux Jets leur leadership. Ce sont les Sharks et ils sont dirigés par Bernardo.
Riff, actuel chef des Jets, vient rendre visite à son ami (et prédécesseur) Tony qui, récemment sorti de prison, ne veut plus rien avoir à faire avec la bande. Tony travaille chez Valentina, la veuve de « Doc », qui tient le drugstore du quartier.
Riff demande à Tony de venir assister au bal qui aura lieu le soir même et où il a l’intention de défier Bernardo et les Sharks.
Tony y rencontre Maria, la sœur de Bernardo, et les deux jeunes gens tombent amoureux.
Pourquoi « refaire un chef d’œuvre » ?
Si c’est pour refaire la même chose, ça ne présente effectivement aucun intérêt !
Mais le film de Spielberg N’EST PAS un remake. C’est une nouvelle adaptation du spectacle théâtral mis en scène par Jerome Robbins en 1957. Si on se demande pourquoi faire une nouvelle production d’une œuvre existante, alors pourquoi continuer à monter Le Roi Lear, Le Malade imaginaire ou Les Trois sœurs !?
Bien sûr l’adaptation de 1961 n’avait rien d’une simple « captation » comme on dit maintenant. Mais le film avait très volontairement une couleur théâtral : les seules personnes qu’on voyait à l’écran n’étaient QUE les protagonistes du drame : les Jets, les Sharks, Doc, Anybody, les deux flics Shrank et Krupke, Anita, Bernardo, Maria et Tony et le film était intégralement tourné en studio puisque les seules scènes extérieures était filmées dans les rues de l’Upper West Side vidées de leurs habitants expropriés juste avant la démolition, des rues, en réalité, « traitées » comme un studio.
Juste retournement des choses, Spielberg reconstitue en studio ces rues qui n’existent plus puisqu’elles ont laissé la place au Lincoln Center et il peuple son film d’une foule de figurants « chantants et dansants ». Un exemple entre mille : America situé en 1961 sur un toit, de nuit, se retrouve, 60 ans plus tard, en plein jour sous un soleil éclatant au milieu d’une foule et de voitures qui circulent, juste avant la destruction de ce coin de l’Upper West Side.
Comme tout le monde, quand j’ai appris que Spielberg avait « osé » toucher à un film-culte, j’ai été scandalisé et j’ai réagi immédiatement : « J’irai pas !» Et puis, comme les rumeurs était plutôt positives, j’y suis allé presqu’en trainant des pieds, en tous cas « avec prudence ».
Et puis, j’ai été ébloui !
Car si Spielberg n’a pas voulu marcher très exactement dans les pas de Wise, il ne lui tourne pas le dos non plus. Il fait de son film en plus d’une œuvre originale, un hommage respectueux au film de 1961 : le générique de fin, sans le copier, rend hommage au gigantesque Saul Bass et à son générique de fin sur fond de graffiti et - merveilleuse surprise ! – il y a Rita Moreno qui fut Anita et qui reprend ici le rôle de « Doc » (Ned Glass en 1961) sous la forme de Valentina, veuve de « Doc » et qui est bouleversante quand elle chante Somewhere.
Steven Spielberg marque donc deux points d’importance puisqu’il réalise un film très original et rend hommage, en même temps, à un grand classique de l’écran.
Ici, tous les Sharks sont latino-américains (très peu l’étaient en 1961) et, à ce que j’en sais, les comédiens chantent eux-mêmes leurs chansons (en 1961, deux des quatre personnages principaux étaient intégralement doublés et une autre, partiellement doublée).
Ansel Elgort et Rachel Zegler font, sans le moindre problème, oublier leurs prédécesseurs pâlichons, Richard Beymer et Natalie Wood. Ariana DeBose et David Alavarez sont dignes de Rita Moreno et de George Chakiris et tous les autres, Jets et Sharks sont juste éblouissants.
Iris Menas incarne « Anybodys » qui, dans cette version est ouvertement un transexuel alors que, autres temps autres mœurs, son personnage était très peu défini chez Robert Wise.
A l’inverse, alors qu’ « Anita 61 » chantait dans America : « Always the hurricanes blowin, always the populations growin », « Anita 21 » chante : « Always the pineapples growin, always the coffee blossoms blowin », comme si la croissance des ananas était plus préjudiciable à l’économie portoricaine que la croissance de la population !
Alors oui ! Pourquoi refaire un chef d’œuvre ? Spielberg donne la réponse : pour faire un autre chef d’œuvre !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire