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Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972) de Jean Yanne
Christian Gerber est envoyé spécial en Amérique du sud pour la chaîne Radio Plus. Alors que les envoyés spéciaux des autres stations bidonnent des pseudos flashes d’information, Gerber rencontre les vrais guérilleros, mais il se fait prendre son magnétophone et sa bande.
Rentré à Paris, le journaliste retrouve Radio Plus dont le nouveau slogan est « Plus près de Jésus ». Tout est servie à la sauce évangélique : les informations, les chansons, la publicité…
Gerber dénonce la malhonnêteté de ses confrères, ce qui n’est pas du goût de tout le monde, et surtout de Plantier, le directeur de Radio-Plus, et de Thulle, le président-directeur général. Gerber serait mis à la porte s’il ne sortait Plantier d’un mauvais pas. Il est nommé « superviseur artistique », mais même au placard, il reste incontrôlable. Il est renvoyé.
Mais l’audience de Radio-Plus s’effrite et c’est Plantier, à son tour, qui est jeté dehors. Thulle prend Gerber pour le remplacer.
Ça démarre assez fort : on se souvient de la « mode Jésus » qui faisait suite à la « mode hippie » et accompagnait les triomphes américains, puis français, de Jésus-Christ Superstar et autres Gospell.
Les pubs de Radio-Plus sont ce qu’il y a incontestablement de plus réussi, de même que certains flashes qu’on peut saisir à la volée, comme des résultats sportifs (« Irgoun Sportif contre U.S. Goys ») ou des informations. On se croirait chez Pierre Dac, en plutôt mieux.
Quant à la critique des radios aux mains des grands trusts qui gagnent de l’argent, même lorsqu’ils semblent le dépenser, bref, l’attaque en règle contre « l’establishment », elle fait mouche, tout au moins pendant la première moitié du film.
Car après, tout se gâte. A force de fustiger les puissants et de chasser les marchands du temple, Yanne-Gerber finit par se prendre pour Jésus, jusqu’à se faire représenter sur un pastiche de La Cène de Léonard. Pour ceux qui n’auraient pas compris, notre « nouveau messie » appuie lourdement sur l’allégorie. Et investi par lui-même du pouvoir divin, il bat en brèche la culture subventionnée, les syndicats, la politique avec des arguments poujadistes qui, quelques années plus tard, ne sont pas sans nous évoquer les arguments « culturelles » de certain parti démago-fasciste, ce qui fait basculer ce film sympathique d’un anarchisme potache aux pires débordements populistes.
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