BlacKkKlansman (2018) de Spike Lee
A Colorado Springs, en 1978, Ron Stallworth est le premier flic noir de la ville, ce qui n’est pas très bien vu par tout le monde.
En enquêtant sur une manifestation des Black Panthers, il fait la connaissance de Patrice Dumas, une jeune militante.
Puis il lui vient une idée étrange : infiltrer le Ku-Klux-Klan. Il commence donc par téléphoner sous son vrai nom en prenant un « accent blanc » et son discours plait aux suprématistes blancs. Il va même jusqu’à entrer en contact avec David Duke, le « grand maître blanc » du KKK.
Mais son succès va l’obliger à se « matérialiser » et c’est Flip Zimmerman, un collègue de Stallworth blanc, mais juif, qui va être « l’avatar » de Ron.
Comme toujours chez Spike Lee (et pas que chez lui, d’ailleurs !), il faut analyser le fond et la forme séparément et c’est ce qui sépare les génies cinématographiques des autres depuis les moins doués jusqu’aux très bons : chez Ophuls, Mankiewicz, Ford et quelques autres le fond est indissociable de la forme.
Pas ici ! La forme est excellente, le rythme est vif (Spike Lee sait filmer, c’est le moins qu’on puisse dire) et la bande sonore est soignée. Visiblement, Lee a plongé avec délice dans la Blaxploitation des années 70 au niveau de la musique et ça nous donne une bande sonore d’exception.
Malheureusement en ce qui concerne le fond, ça laisse beaucoup plus à désirer. Spike Lee n’arrive pas à se débarrasser de ses sabots estampillés « Tout le monde noir il est beau, tout le monde noir il est gentil ».
Car lorsque les Black Panthers organisent une réunion, c’est une causerie d’un ancien militant, un vieux monsieur charmant (sublime Harry Belafonte !) pendant que les méchants blancs veulent dynamiter la gentille causerie avec une bombe posée par une grosse vache (blanche !), conne comme une brouette sans roue !
Comme toujours donc, il ne peut s’empêcher de charger la mule dans des détails, comme le fait de choisir un Juif pour servir d’avatar blanc à Stallworth (ce qui n’était pas le cas dans la réalité).
Tout cela donne une comédie vacharde assez réjouissante très bien faite avec un casting impeccable tant du côté noir (Laura Harrier, Corey Hawkins et surtout John David Washington -fils de Denzel- dans le rôle principal) que du côté blanc (Adam Driver dans le rôle de Flip Zimmermann -l’avatar de Stallworth-, Ryan Eggold et Topher Grace, Jasper Pääkönen et Paul Walter Hauser – les trois Pieds Nickelés du Ku-Klux-Klan-), sans oublier l’apparition d’Alec Baldwin, célèbre imitateur de Trump, dans le rôle du suprématiste Beauregard.
Quant au lien avec Trump (justement !) et les évènements de Charlottsville, c’est plus maladroit qu’autre chose.
Le film ne manque pas de qualité, mais de là à lui donner le Grand Prix Spécial à Cannes… !
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