mercredi 27 juillet 2022

La Comtesse

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The Countess (La Comtesse) de Julie Delpy (2009)

Alors que la Hongrie n’est pas encore tout à fait débarrassée des Turcs qu’elle a réussi à chasser à la fin du XVIème siècle, la comtesse Erzsébot Bathory, jeune veuve très riche et très puissante, tombe amoureuse du fils d’un aristocrate « nouveau riche » amoureux d’elle et qui, naturellement, ne veut pas entendre parler d’une liaison entre son fils et cette femme qui l’a dédaigné. Il provoque la rupture des amants.

Erzsébot, après cette rupture va lentement glisser dans la folie et, obsédée par son âge, se persuade que le sang des vierges peut lui donner une seconde jeunesse.

Des jeunes filles commencent à disparaître.

Dans les années 70, Harry Kümmel avait réalisé Les Lèvres rouges avec Delphine Seyrig dans le rôle d’une comtesse Bathory du début du XXème siècle (le sang des vierges ayant eu les vertus régénératrices qui offraient à la « comtesse Dracula » l’éternelle jeunesse).

Le film de Julie Delpy s’en tient à la réalité de la biographie de celle qu’on appelait « la dame sanglante de Čachtice ». En fait, on lui a imputé entre 30 et 300 meurtres selon des témoins qui ont parlé sous la torture. Elle peut aussi bien n’avoir tué personne et avoir été simplement la victime d’un complot, ce que le film sous-entend, tout en jouant sur la légende de la comtesse sanglante.

C’est peut-être un de ses défauts d’être à la fois froid et académique (certains critiques vont jusqu’à parler de frigidité), n’osant pas franchement le fantastique.

En fait, le film souffre à la fois d’un manque de moyens financiers, d’une vision univoque (celle de la comtesse elle-même, jouée – ce n’est pas un hasard ! – par la réalisatrice) et d’une certaine (effectivement !) frigidité.

En revanche, l’interprétation est remarquable : Julie Delpy elle-même, bien sûr, William Hurt, le machiavélique comte Thurzo, amoureux transi et instigateur du complot contre la comtesse, Anamaria Marinca, Anna Darvulia complice et amante de la comtesse, et Anna Maria Mühe, la première victime de la comtesse, la jeune Bertha. Cette dernière est la fille du grand comédien allemand Ulrich Mühe, (Amen, La Vie des autres…), trop tôt disparu.

Seule ombre à ce casting presque parfait, le pâlichon Daniel Brühl dans un rôle trop mal écrit pour être intéressant, alors qu’Istvan Thurzo est censé être la raison originelle de la folie meurtrière de la comtesse.

On admire donc Julie Delpy pour son interprétation, mais son film glacé laisse de glace et ne parvient pas à passionner alors que le sujet eut pu être passionnant.

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