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Ouistreham (2021) d’Emmanuel Carrère
Marianne Winckler est une écrivaine célèbre et, en tant que telle, vit dans un certain confort.
Elle va donc se présenter sous une fausse identité au Pôle Emploi de Caen, car le sujet de son prochain livre, c’est le travail précaire et sous-payé à savoir, les femmes de ménage qui doivent nettoyer à fond, mais rapidement, les ferries qui arrivent à Ouistreham.
Et au milieu de ce travail, ingrat et pénible, elle découvre l’entraide et la solidarité.
La mise en abîme, d’entrée de jeu, est intéressante : un écrivain s’empare du récit-témoignage d’un autre écrivain pour en faire une fiction.
J’avais un peu peur du passage de la réalité à la fiction et le film s’en tire « presque » très bien.
La force du Quai de Ouistreham venait de la totale empathie de Florence Aubenas pour toutes ces personnes qui furent ses collègues et on ressent bien cette empathie dans le film qui, à ce niveau-là, réussit bien le passage du documentaire (comme dans le livre) vers la fiction.
Mais c’est lorsqu’il plonge dans le « fictionnel total » avec l’histoire d’amitié entre Marianne et Christèle que l’exercice montre ses limites.
Et c’est probablement pour ça que Florence Aubenas n’a pas aimé, paraît-il, la fin du film.
Juliette Binoche est remarquable, non à cause de son jeu, mais au contraire, parce qu’elle s’efface derrière ses « camarades », ses « collègues » à la fois comme « agents d’entretien » (la fiction) et comme « actrices » (la réalité ici, comme Florence Aubenas dans son livre).
Il est à noter qu’aucune ligne française de ferry n’a accepté d’autoriser le tournage sur un de ses bateaux. C’est une compagnie hollandaise qui s’y est collé.
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