mercredi 27 juillet 2022

Touchez pas aux blondes

 

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Touchez pas aux blondes (1960) de Maurice Cloche


Le lieutenant Al Wheeler enquête sur des meurtres en série dont les victimes sont des jeunes femmes qui portent un tatouage en haut du bras et représentant un serpent et le symbole du dollar. Il semble que ce symbole soit lié à un chef de gang connu sous le nom de Snake Lannigan.

Connu est d’ailleurs un bien grand mot, puisque personne ne l’a jamais vu.

Il semble que toute l’affaire tourne autour d’une entreprise de pompes funèbres, d’un casino en construction et d’un réseau de call-girls.

Dans un festival de nanars, celui-ci serait très applaudi : il est ringard à souhait, fait à la va-vite avec trois francs six sous et contient tous les ingrédients du nanar sympathique.

Car tout cela se regarde avec la bienveillance des navets de notre enfance : des scènes d’action poussives et mal fichues, assez typiques des polars de série B hexagonaux de l’époque, des faux raccords à la pelle, une interprétation masculine très approximative dans laquelle les truands semblent plus sortir de chez Michou que de chez Capone, mis à part Philippe Clay qui réussit à être très bon là-dedans.

Et puis, nous y trouvons aussi le « fabuleux » mobilier années 60 devant qui des Messaline de banlieue se pâment à tour de rôle, des dialogues d’une ringardise à faire pâlir les dialoguistes d’Alain Corneau et surtout l’électrophone « Haute Fidélité », grande attraction de l’appartement du héros et faisant office, pour ledit héros, d’estampes japonaises.

Bref, tout y est, jusqu’au personnage que les scénaristes ont eu l’audace de baptiser « Bond » (Sic !) même si son prénom n’est que Douglas. Car j’allais oublier le meilleur : tout cela est censé se situer aux environs de Los Angeles, mais tourné dans les studios de Boulogne ou de Joinville avec quelques plans de coupe de Philippe Clay trimballant sa carcasse dégingandée sur Sunset Boulevard, probable seul luxe que s’est offert la production.

Enfin, j’aurai tout dit lorsque j’aurai précisé que le scénario est bancal (doux euphémisme !), que le rythme est mou et qu’une musique de jazz, probablement pas trop mauvaise dans un autre contexte, est ici pesante, envahissante et prétentieuse.

Mais encore une fois, c’est plutôt moins lourd et beaucoup plus agréable à regarder que certaines ringardises actuelles (j’ai déjà cité Corneau, mais il y en a beaucoup d’autres), bâclées à coups de millions (de francs ou de dollars, car notre beau pays n’a le monopole ni de la fatuité, ni de la bêtise) avec lesquels on aurait pu facilement réaliser des centaines de Touchez pas aux blondes. A ce niveau-là, on l’a échappé belle !

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