samedi 20 juin 2020

Le Dossier Odessa


Le Dossier Odessa - Film (1975) - EcranLarge.com *
The Odessa File (Le Dossier Odessa) de Ronald Neame (1974)
Peter Miller, jeune journaliste de Hambourg, sillonne les rues de la ville. Tout le monde est survolté, car nous sommes le 21 novembre 1963, jour de l’assassinat du Président Kennedy à Dallas.
C’est le même jour qu’un vieux Juif, rescapé du camp de concentration de Riga, se suicide à Hambourg. Il laisse un gros manuscrit, son journal où il raconte l’enfer de Riga et tout particulièrement le « règne » du « boucher de Riga », le SS Roschmann qui, dans le même temps, a tué un capitaine de la Wechmacht
Peter Miller décide de retrouver Roschmann. Mais bientôt, il fait l’objet de menaces, puis de tentatives d’assassinat.
Je n’ai jamais pensé que les années 70 avaient été très fastes pour le cinéma (si l’on excepte les œuvres de certains cinéastes comme Altman, Fosse, Spielberg et autre Coppola : la liste est très loin d’être exhaustive !). Et cette opinion se trouve très souvent renforcée lorsqu’il m’est donné de voir un film de cette médiocre décennie.
Le film dont il est question ici est une production standard de ces années-là.
Le seul intérêt de ce brouet d’eau tiède, ce sont certains détails, comme cette réplique du patron de Miller au journaliste qui lui déclare vouloir faire un article sur le journal du vieux Juif : « Le martyre juif, ça ne se vend plus ! ». Et cette réplique correspond plus aux années 70 du tournage qu’aux années 60 pendant lesquelles le film est censé se dérouler.
Pour le reste, tout cela n’est pas très réussi. L’image est laide. Le casting n’est franchement pas bon, tout particulièrement Maximilien Schell, grotesque en officier SS « devenu très vieux » ou Jon Voight, rôle principal qui a le charisme d’un bouillon Kub. Seul surnage, dans ce maelström de médiocrité, les interprétations fugitives et très épisodiques de Derek Jacobi et de Maria Schell qui sont les seuls à être bons là-dedans.
Pour le reste, le jeu des autres comédiens jouit d’une finesse que je qualifierai de « typiquement allemandeu » et digne du pire épisode de Derrick.
Le pire est de penser que Simon Wiesenthal a servi de caution historique et scientifique pour ce film dans lequel il apparaît sous les traits du comédien Schmuel Rodensky.
Le scénario est très étiré, tissé avec du câble d’amarrage et donne un film passablement emmerdant. Il accumule les totales invraisemblances : dans une Allemagne des années 60 qui nous est montrée « gangrénés par les nazis fiers de “ leur guerre ” », le chef de la section de recherches des criminels de guerre est lui-même un nazi et le « contact » secret des nazis est un antiquaire qui collectionne, au vu et au su de tout le monde, des trophées nazis, ce qui était interdit en R.F.A. dans les années 60. Toute la gentry nazi se retrouve très officiellement à l’inauguration de l’entreprise Kiefel (Kiefel est la nouvelle identité du « boucher de Riga », Roschmann).
Quant à Miller, il est engagé sans beaucoup de difficulté dans une « organisation » qui ressemble furieusement au Mossad, sans jamais dire son nom.
Bref, c’est typiquement le genre de merde mal foutue qu’on n’oserait même pas proposer à une chaine de télé aujourd’hui !
Si on y ajoute une musiquette pipi (heureusement plutôt rare) et un happy end totalement grotesque, on est bien en présence d’un « nanar années 70 » sans aucun rapport avec d’autres films qui évoqueront le sort douillet de tous ces vieux déchets nazis et leur fuite vers l’Amérique (du nord ou du sud), « la route des rats » comme Ces garçons qui venaient du Brésil en 1978 ou, mieux, le fameux Marathon Man en 1976 ; il faut bien dire que Franklin Schaffner ou John Schlesinger sont quand même plus prestigieux que le besogneux Ronald Neame dont « l’âge d’or » était bel et bien derrière lui depuis la fin des années 50 et qui réalisa ce film-ci juste après son dernier titre de gloire, L’Aventure du Poséidon.

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