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The Odessa File (Le Dossier Odessa) de Ronald Neame (1974)
Peter
Miller, jeune journaliste de Hambourg, sillonne les rues de la ville. Tout le
monde est survolté, car nous sommes le 21 novembre 1963, jour de l’assassinat
du Président Kennedy à Dallas.
C’est le même jour qu’un vieux Juif,
rescapé du camp de concentration de Riga, se suicide à Hambourg. Il laisse un
gros manuscrit, son journal où il raconte l’enfer de Riga et tout
particulièrement le « règne » du « boucher de Riga », le SS
Roschmann qui, dans le même temps, a tué un capitaine de la Wechmacht
Peter Miller décide de retrouver Roschmann. Mais
bientôt, il fait l’objet de menaces, puis de tentatives d’assassinat.
Je
n’ai jamais pensé que les années 70 avaient été très fastes pour le cinéma (si
l’on excepte les œuvres de certains cinéastes comme Altman, Fosse, Spielberg et
autre Coppola : la liste est très loin d’être exhaustive !). Et cette
opinion se trouve très souvent renforcée lorsqu’il m’est donné de voir un film
de cette médiocre décennie.
Le film dont il est question ici est
une production standard de ces années-là.
Le seul intérêt de ce brouet d’eau
tiède, ce sont certains détails, comme cette réplique du patron de Miller au
journaliste qui lui déclare vouloir faire un article sur le journal du vieux
Juif : « Le martyre juif, ça ne se vend plus ! ». Et
cette réplique correspond plus aux années 70 du tournage qu’aux années 60
pendant lesquelles le film est censé se dérouler.
Pour le reste, tout cela n’est pas très
réussi. L’image est laide. Le casting n’est franchement pas bon, tout
particulièrement Maximilien Schell, grotesque en officier SS « devenu très
vieux » ou Jon Voight, rôle principal qui a le charisme d’un bouillon Kub.
Seul surnage, dans ce maelström de médiocrité, les interprétations fugitives et
très épisodiques de Derek Jacobi et de Maria Schell qui sont les seuls à être
bons là-dedans.
Pour le reste, le jeu des autres
comédiens jouit d’une finesse que je qualifierai de « typiquement
allemandeu » et digne du pire épisode de Derrick.
Le pire est de penser que Simon
Wiesenthal a servi de caution historique et scientifique pour ce film dans
lequel il apparaît sous les traits du comédien Schmuel Rodensky.
Le scénario est très étiré, tissé avec
du câble d’amarrage et donne un film passablement emmerdant. Il accumule les
totales invraisemblances : dans une Allemagne des années 60 qui nous est
montrée « gangrénés par les nazis fiers de “ leur guerre ” », le
chef de la section de recherches des criminels de guerre est lui-même un nazi
et le « contact » secret des nazis est un antiquaire qui
collectionne, au vu et au su de tout le monde, des trophées nazis, ce qui était
interdit en R.F.A. dans les années 60. Toute la gentry nazi se retrouve très
officiellement à l’inauguration de l’entreprise Kiefel (Kiefel est la nouvelle
identité du « boucher de Riga », Roschmann).
Quant à Miller, il est engagé sans
beaucoup de difficulté dans une « organisation » qui ressemble
furieusement au Mossad, sans jamais dire son nom.
Bref, c’est typiquement le genre de
merde mal foutue qu’on n’oserait même pas proposer à une chaine de télé
aujourd’hui !
Si on y ajoute une musiquette pipi
(heureusement plutôt rare) et un happy end totalement grotesque, on est bien en
présence d’un « nanar années 70 » sans aucun rapport avec d’autres
films qui évoqueront le sort douillet de tous ces vieux déchets nazis et leur
fuite vers l’Amérique (du nord ou du sud), « la route des rats »
comme Ces garçons qui venaient du Brésil en 1978 ou, mieux, le fameux Marathon Man en
1976 ; il faut bien dire que Franklin Schaffner ou John Schlesinger sont
quand même plus prestigieux que le besogneux Ronald Neame dont « l’âge
d’or » était bel et bien derrière lui depuis la fin des années 50 et qui
réalisa ce film-ci juste après son dernier titre de gloire, L’Aventure du
Poséidon.
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