Xenia (Ξενία) (Xénia) (2014) de Panos H. Koutras
Dany, blondinet péroxydé de 16
ans, vient chercher son frère Odysseas, qu’il appelle Ody, à Athènes.
Il lui annonce la mort de leur mère et le convainc,
difficilement, de partir à la recherche de leur père, devenu homme politique
d’extrême droite xénophobe, alors que la mère des deux jeunes gens était
albanaise.
Ils ont donc besoin d’être reconnue par ce père (que
leur mère et eux-mêmes ont toujours appelé « l’innommable ») pour
obtenir la nationalité grecque.
Dany voudrait aussi que son frère, qui a un brin de voix, participe à
un télé-crochet où il interprèterait Tutt’al più,
une chanson de Patty Pravo, idole de Dany et qui était aussi l’idole de leur
mère.
Première condition pour
aimer Xenia, condition importante,
mais non indispensable : être, sinon fan, tout au moins au fait de la
discographie de Patty Pravo, « la Ragazza del Piper »[1].
A part cela,
aucune connaissance spéciale n’est requise, aucun permis, aucune carte pour
apprécier ce film hors norme d’apparence foutraque, mais remarquablement pensé
et écrit.
Mélange
d’onirisme (parfois fellinien) et de réalisme (la Grèce d’aujourd’hui où plane
l’ombre malfaisante d’Aube dorée), le film est un peu à l’image des deux
frères, à la fois fantasque comme Dany, pragmatique comme Ody et, en
définitive, dans une osmose parfaite entre les deux.
A travers le
souvenir de leur mère, l’ombre de ce père (qui s’avère encore plus inexistant
que lorsqu’ils le surnommaient « l’innommable »), l’aide de Lefterris
et, bien sûr, les chansons de Patty Pravo, Dany et Ody vont cheminer ensemble
accompagné de Dido, le lapin « doudou » de Dany,
« personnage » habité qui nous vaut un très joli « coup de
cinéma » (comme on dit « coup de théâtre »). Et ce voyage les
mènera jusqu’à cet hôtel désaffecté, « Xenia », qui donne son nom au
film.
Par son
mélange des genres, par la qualité de son interprétation (Nikos Gelia-Ody et, surtout, Kostas Nikouli-Dany
ainsi que les rôles secondaires), par la rigueur de son scénario et
l’inventivité de sa mise en scène, Xenia
n’est pas seulement un film exquis, c’est aussi un film au charme fou.
Seul bémol (mais vraiment parce qu’il
faut en trouver un), on voit apparaître furtivement Patty Pravo maintenant, ce
qui ne serait pas une mauvaise idée en soi, si la chanteuse italienne des
années 60 n’avait cédé un peu trop complaisamment et profondément aux
sirènes de la chirurgie esthétique : le résultat est qu’il faut vraiment
savoir que c’est, enfin… ce fut « la Ragazza del Piper ».
[1] « Il Piper »
était une très célèbre (et considérée scandaleuse) boîte de nuit romaine où se
produisait Patty Pravo au tout début de sa notoriété.
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