mercredi 11 août 2021

Arsène Lupin contre Arsène Lupin

 

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Arsène Lupin contre Arsène Lupin (1962) d’Edouard Molinaro


Dans les années trente, on enterre André Laroche, puissant industriel très respecté. Aux funérailles, le préfet de police fait un discours.

Dans l’assistance, il y a deux jeunes gens très différents : François, filleul d’André Laroche et issu d’une famille de grands bourgeois et Gérard, fils d’une modeste femme de chambre. Celui-ci travaille comme illusionniste-danseur dans un cabaret où la belle Catherine est à la fois chanteuse et entraîneuse.

François est convoqué par le notaire d’André Laroche. C’est là qu’il apprend, par un disque enregistré par Laroche à son intention, qu’il n’était pas seulement le filleul de l’industriel, mais bien son fils et qu’André Laroche n’était autre qu’Arsène Lupin. Il apprend également qu’il a un demi-frère qu’il doit retrouver et aider.

Ce frère est Gérard. Quant à Catherine est la fille du roi de Poldavie, tué pendant la révolution qui le chassa du trône.

Arsène Lupin était un ami de ce roi qui lui avait confié une cassette contenant les bijoux de la couronne et des papiers compromettants pour le baron Von Krantz, auteur du coup d ‘état qui l’avait renversé.

Arsène Lupin n’a jamais eu beaucoup de chance avec le cinéma (ou avec la télévision, d’ailleurs !). De Robert Lamoureux à John Barrymore, aucune incarnation du célèbre gentleman-cambrioleur n’a jamais été totalement satisfaisante.

Le problème de la personnification de Lupin se résoudra-t-il jamais ?

Celui qui se rapprocherait le plus du héros de Maurice Leblanc est sans doute François Dunoyer qui succéda, dans une série télévisée, au médiocre Georges Descrières, bellâtre insipide, qui, pourtant encore aujourd’hui, personnifie Lupin pour le public français. On trouve aussi, toujours pour la télévision, une série d’Alexandre Astruc, adapté de 813 qui, si elle n’est pas une réussite totale bénéficie d’un atout majeur, l’interprétation dans le rôle du héros de Jean-Claude Brialy.

Une petite vingtaine d’années auparavant, le personnage lui réussissait tout autant puisque c’est lui qui incarne ici le fils à papa (c’est le cas de le dire), fils caché de Lupin où plutôt, l’un de ses deux fils, le riche. Le pauvre, c’est Jean-Pierre Cassel qui, pour une fois, n’est pas trop mauvais : il faut dire qu’on ne le voit danser qu’une fois et de loin. Ouf !

Mais la grande réussite, c’est ici, comme souvent, les seconds rôles : d’Henri Virlojeux à Hubert de Lapparent, de la grande Mary Marquet en invraisemblable tsarine déchue à la très injustement oubliée Madeleine Clervanne en théâtreuse antédiluvienne, toute une galerie de personnages s’agitent pour notre plus grand plaisir dans des rôles souvent excentriques taillés sur mesure, la palme allant à Jean Le Poulain, préfet incapable, survolté et teigneux (on en connaît encore aujourd’hui), totalement savoureuse en l’occurrence.

Pour ce qui est des dames, Anne Vernon, dans un rôle presque secondaire, et la diaphane Geneviève Grad, future fille du Gendarme de Saint-Tropez, laissent le champ libre à la toujours pétillante Françoise Dorléac. La mise en scène, optant pour le feuilletonesque, est vive et sans temps mort, au service d’un scénario qui, s’il est légèrement en deçà de ladite mise en scène, n’en est pas moins une réussite.

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