mercredi 11 août 2021

L’Homme qui viendra

 

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L’Uomo che verrà (L’Homme qui viendra) de Giorgio Diritti (2009)

Martina a huit ans et elle est muette. En fait, elle a perdu l’usage de la parole après avoir tenu dans ses bras son petit frère mort-né.

Martina est la fille d’un couple de paysans et nous sommes en 1943. Sa mère est enceinte presque à terme.

Mais la région est en lutte dans les maquis contre les nazis et les SS se livrent à des représailles féroces.

Les massacres d’Oradour-sur-Glane et de Distomo (en Grèce) eurent lieu le 10 juin 1944 et firent respectivement 642 et 218 victimes, toutes civiles, hommes, femmes et enfants.

Un peu plus de trois mois plus tard, en Italie, dans les bourgs de Marzobotto et Grizzana Morandi, une autre division SS opéra dans des conditions similaires et perpétua un massacre qui fit 935 morts.

Ces trois massacres se rejoignent dans l’horreur et parce qu’ils eurent lieu dans des pays occidentaux. On peut, bien entendu, considérer que ce n’est pas grand-chose par rapport à ce qui s’est déroulé, tout au long de la seconde guerre mondiale en Europe centrale, au sein des populations slaves (« sous humaines » selon les critères nazis) et, bien sûr, dans les shtetl.

Giorgio Diritti tente de restituer cette horreur à l’écran et il oscille maladroitement entre la recherche d’objectivité et une empathie émotive qui va jusqu’au pathos, ce qui donne un film curieusement déséquilibré dont la première heure, très ennuyeuse, nous ramène dans du sous-Olmi (sans la richesse et la beauté formelle de L’Arbre aux sabots) pour nous plonger dans un clone de la très médiocre Nuit de San Lorenzo des très surestimés frères Taviani.

Curieusement, c’est pendant les scènes de massacre que le film décolle un peu, même si c’est dans l’horreur.

Au début du film, le personnage de Martina fait penser au personnage principal du film des frères Taviani. Fort heureusement, le personnage s’en éloigne tout au long du récit : Martina est muette, mais elle n’est pas débile ! A ce niveau-là, le plan final est une réussite.

Mais il faut bien reconnaître que le film manque à la fois de point de vue, d’un scénario structuré et d’une direction.

Ça se sent jusque dans ce titre qui ne veut rien dire : l’homme qui viendra, c’est le traître qu’on ne voie que dans deux scènes, celle où il arrive et demande à entrer dans la résistance et celle où il désigne aux Allemands les Résistants, ce qui ne sert à rien puisque les Allemands tuent tout le monde.

La tentative est intéressante, mais le film est oubliable.

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