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Untouchable (L’Intouchable, Harvey Weinstein) d’Ursula MacFarlane (2019)
En 1979, Harvey Weinstein fonde Miramax Films avec son frère Robert (du prénom de leurs parents Mira et Max Weinstein). Les deux frères vont produire un certain nombre de grands succès cinématographiques dont deux palmes d’or et plusieurs oscars.
Harvey, plus expansif que son frère, devient incontournable, omniprésent et omnipotent. Il impose sa vision (y compris au sein du parti démocrate qu’il soutient) et devient vite dictatorial.
Le 5 octobre 2017, un article du New-York Times accuse Harvey Weinstein de harcèlement sexuel et de viols, dénoncé par plusieurs actrices.
A la fin du même mois, elles sont 93 à l’accuser.
Comme on a beaucoup parlé de cette affaire à l’origine des mouvements « Me Too » aux États-Unis et « Balance ton porc » en France, on a tendance à penser qu’on sait tout sur cet immonde personnage.
Mais le film nous en apprend beaucoup plus et c’est effrayant !
Harvey Weinstein était un généreux donateur du parti démocrate. Que cette affaire ait explosé sous l’administration Trump n’est peut-être pas un hasard : on sait que l’entourage de l’actuel locataire détraqué de la Maison Blanche se démène beaucoup pour discréditer toute personnalité proche du parti démocrate pour faire oublier les agissements débiles et criminelles de leur patron.
La force de ce documentaire, c’est de bien nous montrer que la puissance de Weinstein empêchait de contrer ou de dénoncer ce qui semblait être un « mal nécessaire ».
Le « déchet » Weinstein a toujours à la bouche pendant toute ces années l’expression répugnante « Vous ne savez pas qui je suis ! » ou sa variante menaçante « Vous ne savez pas à qui vous avez affaire ! »
Dans l’expression « prédateur sexuel », le mot important, c’est prédateur, beaucoup plus que « sexuel », même si le « sceptre » que brandissent ces criminels, c’est… leur bite !
Tout le système qui, aujourd’hui, crie haro sur le baudet (ou plutôt, « sur le porc » !) a bien fermé sa gueule à l’époque.
Le point faible du documentaire, c’est peut-être de ne pas avoir donné la parole, non pas aux défenseurs de Weinstein (il n’y a guère que ses avocats pour le soutenir !), mais à ceux (tel le voyou Tarentino) qui, aujourd’hui, baisse la tête en disant qu’ils savaient, mais n’ont rien fait !
Le témoin le plus « présent » dans le film, c’est Ronan Farrow, fils de Mia Farrow et de Woody Allen, surtout réputé pour avoir fait son fonds de commerce de la crise qui secoua sa famille, visiblement très influencé par sa maman un tantinet hystérique. Son enquête sur Weinstein obtint le prix Pulitzer en 2018 : il est donc normal qu’il soit un témoin de tout premier plan.
Les autres témoins sont des victimes. Il faut dire qu’il y a le choix sur les 93 victimes qui ont porté plainte.
Elles sont toutes claires et concises, bien que leur émotion les submerge quelquefois.
Seule Paz de la Huerta donne l’impression d’être absente et n’est pas toujours très claire dans ses propos : on ne sait pas trop si c’est un dommage de « l’effet Weinstein » ou si elle a trop chargé le chichon. Lors du procès, sa plainte a été considérée comme irrecevable.
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