vendredi 27 août 2021

Marga

 

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Unter Bauern – Retter in der Nacht (Marga) de Ludi Boeken (2009)

 En 1943, alors que la Gestapo achève de rendre la « grande Allemagne » « Judenfrei » (« Libre de Juifs »), Menne Spiegel, marchand de chevaux et croix de fer de la Grande Guerre, fuit avec sa femme Marga et leur petite fille Karin.

 

Ce sont des paysans, dont certains sont membres du parti nazi et père et mère de soldats de la Wehrmacht qui sont sur le front de l’est, qui vont les cacher et les sauver.

Lors de la sortie de ce film qui n’a pas déplacé les foules, on a beaucoup reproché l’académisme de la mise en scène. Personnellement, je ne trouve pas utile de faire les pieds aux murs, surtout lorsqu’on doit plutôt s’effacer devant son sujet.

On avait, en 1960, beaucoup reproché à Gillo Pontecorvo un plan de son film Kapo : il s’agissait d’Emmanuelle Riva mourrant sur le fils de fer barbelés électrifiés du camp, un plan décrivant une réalité atroce, mais un plan qu’on avait trouvé un peu trop « esthétisant ». Reproche inverse, donc, de celui qu’on a adressé au film de Ludi Boeken.

Les deux reproches sont stupides. L’essentiel lorsqu’on doit montrer une réalité si affreuse qu’elle puisse être, c’est de mettre son talent (quand on en a) au service de l’histoire. Le parti-pris esthétique, c’est, comme disait Godard, un choix politique.

Ce film-ci opte pour la modestie et c’est tant mieux. C’est au niveau du casting que le film est, non pas brillant, mais parfaitement réussi : Veronica Ferres (Marga), Armin Rohde (Menne) et la jeune Louisa Mix (Karin) ainsi que tous les autres acteurs sont tous et très modestement tout simplement justes.

De plus, nous voyons la vraie Marga et la vraie Karin à la fin du film avec cette réplique touchante et drôle de la vieille dame : « Vous avez déjà filmé la scène de l’arrivée des Américains ? »

Un film sans pathos et sans effet, qui traite simplement d’un sujet grave et peu exploité : les quelques Juifs allemands sauvés de l’holocauste par leurs concitoyens.

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