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L’Assemblée (2017) de Mariana Otero
Le 31 mars 2016, a lieu, à Paris, une manifestation contre la loi travail rédigée par la ministre du travail d’alors, Myriam El Khomri.
Après la manifestation, une partie des manifestants se retrouve Place de la République pour débattre. Naît alors le mouvement « Nuit debout », un mouvement social qui veut penser la politique et en parler en inventant une nouvelle forme de démocratie.
Sans leader, sans porte-drapeau, le mouvement va perdurer pendant trois mois, d’assemblées générales en commission.
« Nuit debout » fut une très belle surprise et suscita pour nombre de gens (dont je suis) un espoir d’autant plus grand que nous étions à un an des élections.
Mais le mouvement fit long feu et, en définitive, n’empêcha pas l’élection d’un petit Rubempré technocrate, création du « réel pouvoir », celui de la finance et des médias, toute cette sinistre technocratie, née, non pas sous Giscard ou sous Chirac, mais bien sous Mitterrand, et le petit Rubempré n’est guère qu’un sinistre arriviste aux antipodes des préoccupations de ce mouvement complètement atypique, certes situé à gauche, mais d’une gauche un peu inédite dont nous aurions tant besoin aujourd’hui.
Il faut dire que le mouvement fait par moments penser à ces partis politiques qui organisent des AG extraordinaires pour débattre de la date de la prochaine AG.
L’absence de lieder politique qui était, à priori, un atout s’est vite retourné contre « Nuit debout ».
Certes, on crie haro, non sur le baudet, mais sur « la célébrité ». Et quand il n’y en a pas, ça devient un train sans locomotive. Heureusement qu’il y a ce film sans lequel on ne se souviendrait plus du tout de « Nuit debout ».
La seule célébrité qu’on voit, c’est François Ruffin, réalisateur du fameux Merci patron, directeur du journal alternatif Fakir, « journal fâché avec tout le monde (ou presque) », et maintenant député France Insoumise de la Somme. Or, on ne le voit que quelques minutes (tenir un parapluie) et on ne l’entend même pas.
Plus qu’un historique rigoureux du mouvement, le film restitue une ambiance, celle des discussions ouvertes, du tout et n’importe quoi, de la pluie… « la météo doit être de droite ! » ironise une intervenante rigolarde.
Car c’est vrai qu’il a beaucoup plu à cette période !
Et tout cela aurait bel et bien disparu sans ce film qui ne raconte pas, mais qui évoque, et c’est très bien !
Mon regret, c’est que n’y figure pas la séquence au cours de laquelle un de nos « penseurs » (dia)foireux s’est fait virer alors qu’il pensait sans doute être accueilli en héros. Ce crétin doré sur tranche, c’est la mouche du coche Alain Finkelkraut.
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