samedi 14 août 2021

La Grande bellezza

 

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La Grande bellezza (2013) de Paolo Sorrentino

 Jep Gambardella est un noctambule romain bien connu des milieux mondains.

Jep fête ses 65 ans au milieu de ses « amis ». Il a écrit, il y a trente ans, L’Apparato umano (L’Appareil humain), livre apprécié qui lui a valu un prix.

Mais il n’a plus rien écrit depuis et il vit (plutôt bien) des (rares) articles qu’il écrit pour son amie Dadina, directrice d’une revue culturelle chic et « in gamba ».

Federico Fellini était un roublard.

Mais c’était un roublard de génie : lui, le petit bourgeois bien pépère de Rimini, était pour tout le monde le plus romain des cinéastes italiens. Et lorsqu’il réalisa son film le plus « scandaleux », il choisit un titre évocateur qui passa ensuite dans le langage « courant », La Dolce vita.

Et qu’est-ce que c’était que cette Dolce vita ? C’était la vision déjà désabusé d’un jeune journaliste romain sur les mœurs « dissolues » de la ville éternelle en 1960 : et ce portrait allait de la pseudo-apparition de la Vierge à de petits paysans demeurés (Pourquoi la Vierge n’apparaît-elle qu’à des paysans demeurés ? Sans doute des hallucinations provoquées par la faim ! ...) au strip-tease pudibond d’une dame chic.

L’apparition de la Vierge était précédée du vol au-dessus de Rome d’une colossale statue du Christ alors que la scène de strip-tease était suivie de la conversation impossible et inaudible pour l’un comme pour l’autre entre le héros du film et une toute jeune fille, séparés par un cours d’eau se jetant dans la mer.

Si on pense à Fellini en ce qui concerne cette Grande bellezza, ce n’est que parce que Sorrentino nous assomme de références felliniennes : aux interrogations mystiques du grand Federico, le petit Paolo nous répond par une sainte cacochyme, une mère Tereza qui ne serait pas morte. A la somptueuse photographie en noir et blanc d’Otello Montelli, le petit Paolo répond avec clinquant par l’image laide, vulgaire et prétentieuse de Luca Bigazzi.

Enfin, et c’est presque ce qu’il y a de pire, on nous abreuve d’une musique techno particulièrement nulle, mais particulièrement bruyante et je n’ose pas croire que c’est une réponse à la somptueuse partition de monsieur Rota !

J’allais oublier que pour succéder au beau et jeune Mastroianni dans le rôle d’un Marcello Rubini désabusé, mais compatissant, vivant modestement avec une emmerdeuse dépressive dans un quartier populaire des faubourgs de Rome, le petit Paolo choisit Toni Servillo qui n’a jamais tant ressembler à un vieux maquereau qu’ici où il incarne Jep Gambardella, écrivaillon d’un livre unique, mais remarqué, ce qui lui donne le droit de cracher son mépris à la face d’un monde composé de sinistres pantins dans son genre, monstre de vulgarité satisfaite et friquée, étalant sa fatuité dans ses fêtes frelatées avant de regagner son appartement de 200 m² avec terrasse donnant sur le Colisée (un héritage ?).

Sorrentino est tellement peu sûr de lui qu’il se croit obligé de nous montrer un touriste frappé d’apoplexie devant la beauté de la ville et, par voie de conséquence, de son film.

Mis en scène à l’esbroufe, le film ne contient que très peu de plans fixes et cette caméra virevoltante qui se veut élégante n’est qu’une faute de goût supplémentaire dans un film qui n’est autre chose qu’un gros tas de vulgarité : en fait, on est plus près des mafieux russes que de l’aristocratie romano-felliniennes.

Federico Fellini était un roublard de génie.

Paolo Sorrentino n’est sans doute rien de plus qu’un tout petit escroc de toute petite envergure.

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