samedi 25 septembre 2021

Ces dames aux chapeaux verts

 

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Ces dames aux chapeaux verts (1947) de Fernand Rivers


Après le départ de son frère en Afrique, Arlette, seule à Paris, se voit contrainte d’accepter l’hospitalité des seuls parents qui lui restent, ses cousines Davernisse, quatre sœurs qui vivent recluses dans leur petite maison de province et qu’Arlette a surnommées « Ces dames aux chapeaux verts ».

Toute la maison vit sous l’autorité de Telcide, la sœur aînée, vieille fille sèche et intraitable qui ne rêve que de « mâter tout le monde ».

Arlette, gaie et en jouée, donne du fil à retordre à sa terrible cousine. Dans le journal intime qu’une autre de ses cousines, Marie, tenait jeune fille et qu’elle a lu par hasard, Arlette apprend que celle-ci était amoureuse du professeur Ulysse Hyacinthe.

Or, après douze ans d’absence, le professeur Hyacinthe est de retour.

De l’évolution des mœurs : qui pourrait bien avoir en tête de tourner, de nos jours, une quatrième version cinématographique du roman de Germaine Acremant ?

Les vieilles filles n’existent plus, tout au moins dans le folklore. Elles étaient les figures de proue de ce qu’on appelait « les bonnes mœurs ». Dieu merci (si j’ose dire), la société moderne ne se cachent plus derrière ces tartuferies : elle en a trouvé d’autres qui ne sont guère plus reluisantes, mais qui ont le mérité de nous avoir débarrassé de celles-ci.

Les trois versions datent respectivement de 1929 (Berthomieu), 1937 (Cloche) et 1947. Dans cette troisième et dernière version, les quatre sœurs appartiennent déjà à un passé révolu. Le film commence à Paris, dans une piscine, donc aux antipodes de l’univers des sœurs Davernisse (on notera qu’entre la deuxième et troisième version, la particule « d’Avernisse » a disparu). D’entrée, le point de vue est celui d’Arlette, contrairement à la version de Maurice Cloche qui faisait commencer son film dans la maison de Ces dames aux chapeaux verts et où Paris, ville de toutes les perditions, était absente.

Bien sûr, Ces dames aux chapeaux verts, c’est d’abord Telcide : ici, c’est la grandiose Marguerite Pierry qui succède à l’autre Marguerite, l’immense Moréno. La grandiose est presqu’au niveau de l’immense, mais elle a l’intelligence de jouer la différence.

Là où Moréno joue l’autorité placide (« cide cide » comme dirait l’autre) et plutôt ronde, Pierry est rêche et de mauvais caractère, un peu hystérique.

Et la grande scène de Telcide, si triste chez Moréno, est révoltée chez Pierry. Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que la sottise des gens qui ratent leur vie et celle de ceux qui passent la leur à rire de ce ratage.

Henri Guisol succède à Pierre Larquey et il est bien meilleur. A la Rosalie de Gabrielle Fontan, souffreteuse et maladroite, succède la Rosalie de Jane Marken, pleine de santé et boulimique.

Si certaines scènes se veulent un peu rétro (au percepteur qui chantait J’ai tant pleuré chez Cloche, correspond cet invraisemblable Mademoiselle de Valincourt qui chante L’Amour est une hirondelle chez Rivers), le film est généralement bien ancré dans son époque : on trouve une vague allusion aux tickets d’alimentation d’Arlette et, lorsqu’elle retrouve son amie, celle-ci lui décrit la fiancée de son ex comme « la fille d’une grosse galette Beurre-Œufs-Fromage ».

Bien évidemment, Yves Mirande rajoute énormément d’effets aux dialogues en succédant à Alfred Ackerman.

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