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L’Habit vert (1937) de Roger Richebé
La duchesse de Maulévrier, femme du monde exubérante d’origine roumaine, reçoit ses plus fidèles amis pour le thé, un thé qui a des allures de veillées funèbres. La raison en est que la duchesse vient de perdre son amant : non que le charmant jeune homme soit mort. Pire, il vient de se marier.
Pendant ce temps, le musicien Parmeline, le « grand Parmeline » comme il aime à se nommer lui-même, fait la connaissance dans le train d’Hubert, comte de Latour-Latour. Avec cette grande décontraction propre aux grands artistes, Parmeline, qui se rend au « chevet » de « sa » duchesse, invite son nouvel ami au château de Maulévrier.
Parmeline, ex-amant de la duchesse et son actuel meilleur ami, est frappé d’une fatalité : c’est lui qui présente toujours à la duchesse celui qui va devenir son amant. C’est ainsi qu’il lui présente Hubert.
Pendant ce temps, le duc a un problème grave à résoudre : un de ses collègues vient de mourir et l’Académie Française doit trouver un successeur à l’immortel défunt.
En 1900, Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers rencontre Gaston Arman de Caillavet. De cette rencontre mondaine, naîtra une collaboration qui durera quinze ans, jusqu’à la mort de Caillavet.
Cette collaboration commence avec Les Travaux d’Hercule, un opéra-bouffe composé par Claude Terrasse. Suivront un certain nombre d’opéras-bouffe de la même veine, puis de pièces. Le cinéma qui commence à parler au début des années trente s’est jeté, comme on le sait, sur le théâtre et il a largement puisé dans le répertoire de boulevard. Il était tout naturel qu’il prit AUSSI ce que le boulevard avait de meilleur. Aussi, trente ans après sa création, Le Roi fut tourné par Pierre Colombier en 1936. L’année suivante, ce fut le tour de cet Habit vert qui datait de 1912.
Dans un cas comme dans l’autre, d’aucuns pourraient estimer que la réalisation est bien peu inspirée : des imbéciles l’ont écrit. On peut, à l’opposé, louer Colombier et Richebé d’avoir su se mettre au service d’un texte. Et quel texte !
Et pour servir ce texte, ces deux réalisateurs ont eu le talent, qui n’est pas mince, de lui trouver des interprètes d’exception. Quiconque lit la pièce sans avoir vu le film peut mettre un nom d’interprète sur chaque personnage et, sans se tromper, reprendre nom pour nom la distribution du film. C’est tout simplement que cette distribution est idéale, comme l’était celle du Roi. Le grand André Lefaur, interprète du rôle à la première reprise, réendosse le frac du duc de Maulévrier, tandis que Palau est Bénin, Pierre Larquey Pinchet, Meg Lemmonier Brigitte et Abel Tarride Durand. Mais le plus impressionnant dans l’osmose, c’est le fabuleux Parmeline de Jules Berry, ainsi, d’ailleurs que la duchesse de Maulévrier, américaine dans la pièce, qui devient roumaine au cinéma, puisque c’est Elvire Popesco.
Evidemment, il y a le sinistre Victor Boucher, absolument insupportable de nos jours ; mais comme il interprète le falot Hubert de Latour-Latour, on peut constater qu’il ne s’agit même pas d’une erreur. Et, tout compte fait, il fallait un certain courage pour interpréter, même mal, un fat et un sot dont la fonction dramatique est de servir la soupe à ses camarades. Qu’il en soit remercié !
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