samedi 4 septembre 2021

Ordet

 

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Ordet (La Parole) de Carl-Theodor Dreyer (1955)


Morten Borgen a trois fils : Anders, le plus jeune, est fiancé à Anne, la fille du tailleur Peter Skraeder qui a une conception beaucoup plus stricte de la religion que Borgen. Les deux hommes sont donc farouchement opposés et Skraeder refuse de donner sa fille au fils de Borgen.

Mikkel Borgen, le fils cadet, est marié à Inger et père de deux filles. Inger est enceinte et Morten espère un petit fils.

Johannes, le fils aîné, se prend pour Jésus. Lorsque l’accouchement d’Inger commence et se présente assez mal, Johannes prédit la mort de la mère et de l’enfant.

Et lorsque la jeune femme et l’enfant meurent effectivement, une des deux petites filles demande à son oncle Johannes de faire revivre sa mère en prononçant « la parole ».

Allez ! N’y allons pas avec le dos de la cuillère : Ordet est l’un des plus beaux films du monde.

L’histoire d’un miracle ne peut être que sublime ou ridicule. Ordet avait tout pour être ridicule. Cette famille, relativement bigote, vivant âprement dans la prière et critiquant le bigotisme, plus prononcé il est vrai, du tailleur Skraeder, va être touchée par la grâce et vivre un miracle. La réaction du vieux Borgen est admirable : au lieu de se rengorger auprès de son vieil ennemi en exhibant cette preuve évidente de la force de sa foi, il se réconcilie avec lui : « Nous non plus, nous ne comprenons rien ».

Des longs travellings et des panoramiques accompagnent les personnages, les suivent, les précèdent parfois, dans ces longues pièces aux plafonds bas qui, tout à la fois, donnent une couleur locale et nous confinent dans un espace théâtral qui s’opposent aux paysages insulaires danois.

Tout le monde parle de Dieu, mais plus personne n’y croit, sauf Inger, sa petite fille et son beau-frère Johannes : celle qui va mourir, l’enfant et le fou. La prière de l’enfant et l’injonction du fou ressusciteront la morte. « Est-ce que l’un de vous a seulement demandé à Dieu qu’elle vive ? » dit Johannes avec une évidence déconcertante.

A la beauté du propos, correspond la beauté extraordinaire de l’image, de ce noir et blanc très contrasté qu’on ne trouve que chez Dreyer.

Et cette beauté du fond et de la forme réveille en nous le temps d’un film (mais quel film !) une mystique oubliée.

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