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Profession du père (2020) de Jean-Pierre Ameris
Émile a douze ans en 1961. Il habite Lyon et vit avec ses parents dans un grand appartement hérité de ses grands-parents maternels.
André, le père d’Émile, est un héros pour son fils : il ne semble pas avoir d’occupation régulière, mais il raconte qu’il a été chanteur, footballer, parachutiste et, surtout, espion.
D’ailleurs son meilleur ami, qui est aussi le parrain d’Émile, est un Américain, agent de la C.I.A.
Et Émile comme tout enfant, croit aveuglément son père.
Pour en avoir connu, j’ai toujours eu beaucoup de mal à supporter les mythomanes : avant que vous ne les ayez vous-même « diagnostiqués » mythomanes, ils peuvent quelquefois vous faire douter de votre bon sens et vous faire craindre une certaine… paranoïa de votre part.
Et les mythomanes « de compétition » qu’on voit dans les films sont pour moi une grande source de malaise.
Ici, la mythomanie est doublée, comme c’est souvent le cas, de paranoïa aigue.
De plus, tout se passe dans un appartement lyonnais grand et sinistre qui rend tout oppressant et, tout particulièrement, le personnage d’André.
Le roman, totalement autobiographique, de Soy Chalandon parut après la mort du père de l’auteur en 1988.
L’adaptation a tout pour être réussie, mais il y a une grosse, grosse, grosse, grosse pierre d’achoppement : Benoît Poelvoorde !
Le jeune Jules Lefebvre est parfait dans le rôle (difficile) d’Émile comme est parfaite Audrey Dana, Denise, la mère d’Émile et l’épouse (qui nous paraît) un peu trop soumise du « monstre », qui ne discute rien, qui ne contredit personne « parce que c’est plus simple », comme elle le dit à la fin du film et dont la seule « excuse » qu’elle se trouve pour ne pas traiter ce malade comme il le mériterait (le faire interner ou, à tout le moins, le quitter !) est de dire à son gamin : « Tu connais ton père ! ». Et je n’oublierai certainement pas le jeune Tom Levy, le camarade pied-noir[1] d’Émile, ce Lucas Biglioni qui sera la victime innocente des délires du « toxique ».
Mais aucune place n’est laissé à ces (passionnants) personnages. Tout est phagocyté par le personnage et, surtout, par son interprète.
L’expression « en faire des tonnes » ne saurait en aucun cas refléter ce qu’il fait ici. Certes, le personnage d’André doit être insupportable, mais l’entendre hurler, éructer en roulant des yeux de sorcier dans un film muet, ça donne envie de vomir.
Et les très rares scènes où il n’est pas sont une respiration !
C’était certainement ce qu’il fallait pour le personnage. Mais les personnages toxiques sont déjà difficile à supporter : lorsqu’ils sont surjoués, ça pourrait presque rendre malade !
[1] Qui porte pour le revendiquer, un « pin’s » dont je ne suis pas absolument sûr qu’il eût existé à l’époque : en tous cas, je n’en ai pas le souvenir !
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