jeudi 16 septembre 2021

Le Vent de la plaine

 

***

The Unforgiven (Le Vent de la plaine) de John Huston (1960)


Rachel a été adoptée par la famille Zachary. A la mort de son mari, Mathilda Zachary s’est retrouvée seule avec ses trois fils et Rachel.

Alors que les trois garçons sont absents, Mathilda et Rachel ont la visite d’un vagabond borgne illuminé qui parle de vengeance et que Mathilda semble connaître et craindre.

A leur retour, les fils Zachary apprennent la visite du borgne et les deux aînés Ben et Cash semblent également savoir qui il est. Le soir-même, ils partent à sa recherche.

Bien sûr, Le Vent de la plaine rappelle furieusement La Prisonnière du désert auquel on l’a souvent comparé. A la jeune Natalie Wood, blanche élevée par des Indiens, succède Audrey Hepburn, Indienne élevée par des blancs.

Et l’humaniste Huston rejoint ce (soi-disant) vieux réac de Ford.

Le pire est sans doute que des critiques peu clairvoyants taxèrent ce film de racisme, ce qui est un comble pour ce vibrant plaidoyer pour le droit du sol contre le droit du sang, cet archaïsme répugnant et taré qui tendrait à prouver que, décidément, certains hommes seraient « plus égaux que d’autres ».

Or, si la révélation des origines indiennes de Rachel est vécue comme une catastrophe, c’est à priori normal dans le contexte de ce qu’on appelait « les guerres indiennes ». Et c’est une espèce d’illuminé bigot qui se fera le « cafteur » de ce secret qui déchaînera la haine, tant chez les blancs que chez les Indiens.

Une fois de plus, on ne peut que déplorer la courte-vue d’une critique qui assimila aussi facilement la pensée d’un scénariste et d’un réalisateur à celle d’un de leurs protagonistes, taré de surcroît, au lieu de se laisser porter par la poésie de ce désert plat, admirablement photographié par Franz Planer (rarement scope fut aussi bien utilisé), et par la richesse et la complexité des liens entre les personnages portées par une distribution éblouissante : Burt Lancaster, Audrey Hepburn, Charles Bickford, Audie Murphy et Lilian Gish, sans oublier l’admirable composition, dans le rôle du prêcheur borgne, raciste et démoniaque Abe Kelsey, de Joseph Wiseman, décidément attaché aux personnages « racialement complexé » puisqu’il sera, deux ans plus tard, le diabolique Docteur No qui fera plein de misères à James Bond parce qu’il a mal vécu son enfance d’Eurasien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire