vendredi 10 septembre 2021

La Loi de Téhéran

 

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Metri Shesh Va Nim (La Loi de Téhéran) de Saeed Roustayi (2019)

Il y a six millions et demi de drogués en Iran et les trafiquants sont systématiquement condamnés à mort que ce soit pour une dose ou pour un trafic de plusieurs tonnes.

Et c’est un trafiquant « de plusieurs tonnes » que Samad, flic obstiné, réussit à arrêter après des années de traque, Nasser Khakzad.

Dès lors, le flic et le trafiquant vont s’affronter.

Un polar iranien ? Voilà certes de quoi susciter une certaine curiosité et c’est tant mieux ! Car cette curiosité pourrait bien attirer un public qui ne se serait pas déplacer pour le voir et aurait, de ce fait, raté un des meilleurs films sortis sur nos écrans en cette année quelque peu… chaotique.

Mais ce n’est pas qu’un polar : le titre original lui-même est « politique » : , c’est le nombre de drogués, en millions, recensés en Iran.

Tout le monde est admirable, mais quatre scènes marquent particulièrement : la scène d’ouverture, un suspense haletant et une poursuite remarquablement filmée, nous place d’entrée dans une « violence sans retour ». Le génie de la mise en scène de Saed Roustayi nous saute à la figure de façon éclatante et ce génie ne se démentira à aucun moment dans le film.

Et puis, il y a la scène finale, glaçante, qui m’a évoqué la scène finale de De sang froid de Richard Brooks… mais multipliée par 10 ! Ici aussi, nous sommes dans un film politique. Mais cette vision politique qui commençait en filigrane a pris de plus en plus d’épaisseur au cours du film pour atteindre son paroxysme dans cette scène effroyable.

Enfin, il y a cette scène surréaliste de la « réunion de famille » dans la prison du condamné au cours de laquelle un gamin d’une dizaine d’années qui ne comprend peut-être pas tout ce qui se passe, va être obligé de se mettre en slip pour montrer à son oncle « ce qu’il sait faire maintenant en gymnastique », mais les gardiens vont « écourter » et le pauvre gosse va être obligé de ramasser ses affaires à la hâte et sortir penaud et seul. Cette scène est peut-être la plus poignante.

Un film superbe que d’aucuns considère comme le meilleur que nous ayons vu en 2021. Ils n’ont peut-être pas complètement tort !...

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