mercredi 29 septembre 2021

Les Sorcières d’Akelarre

 

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Akelarre (Les Sorcières d’Akelarre) de Pablo Agüero (2020)

Au début du 17ème siècle, au pays basque, un inquisiteur « ratisse » le pays et profite de l’absence des hommes, des pêcheurs qui travaillent en mer, pour arrêter les femmes leur faire avouer des « pratiques diaboliques », les torturer, les condamner et les exécuter.

Cet inquisiteur, Pierre Rosteguy de Lancre, arrive à Akelarre et arrête six jeunes fileuses pour leur faire avouer qu’elles sont « sorcières ».

Et l’une d’entre elles, Ana, va donner au « magistrat ecclésiastique » beaucoup de fil à retordre.

Grosse surprise pour moi ! Pablo Agüero était le sinistre réalisateur du pensum prétentieux Eva ne dort pas que j’avais copieusement détesté en 2015.

Et Akelarre est tout ce que ce film précédent n’était pas : fin, direct et ne se perdant pas dans les délires d’un jeune réalisateur passablement prétentieux ce qui lui permet, tout simplement, de raconter une histoire.

Cette histoire se situe comme Eva ne dort pas, dans le passé, mais un passé lointain, il y a un peu plus de quatre siècles pour être exact.

On sait à quel point la « Sainte Inquisition » fut un cauchemar pour ceux qui en furent victimes, c’est-à-dire, tout ce qui n’était pas ecclésiastique. La nuisance curaillonne a sévi un peu partout dans le monde, mais en Espagne bien plus qu’ailleurs.

Selon le précepte de Scott Peck qui estimait que « la croyance en Dieu constitue une forme très répandue de psychopathologie [dont] il faut absolument guérir »[1], on perçoit ici toute la perversité du pouvoir inquisitorial. Que l’on dise blanc ou noir, tout est « preuve d’allégeance à Satan », y compris la langue locale (ici, le Basque) : lorsqu’une des jeunes filles parle à « son curé », celui qui la connaît et qu’elle connaît depuis toujours et qu’elle lui parle en Basque, le secrétaire de l’Inquisiteur la reprend sèchement : « Parlez Chrétien ! » (c’est-à-dire Castillan).

Ana sera la seule à se servir de l’arme majeure, le retournement, qui consiste juste à retourner l’accusation : « Je suis une sorcière, une adepte de Satan, mais tu le sais bien puisque Satan, c’est toi ! ».

Ce n’est pas rigoureusement ce qu’elle dit, mais c’est un peu l’esprit et le principe qui consiste à calomnier le calomniateur a quelque chose de…diabolique !

Et Rosteguy, prêtre intransigeant, obscurantiste et frustré, est tellement attiré par Ana qu’il est prêt à se dénoncer lui-même et à croire qu’il est bien une image du Diable qui l’obsède et que décrit la jeune femme.

La quasi-intégralité du film se déroule dans le cachot où les jeunes femmes sont enfermées et des scènes de torture  on entend que les cris et on ne voit que l’état des filles après.

La plus longue scène hors du cachot, c’est la séquence finale, celle du « Sabbat », un final poétique… ou surprenant !

L’ensemble du casting, des ecclésiastiques aux 6 héroïnes, est parfait, dominé par Alex Brendemühl et Amara Aberasturi.



[1] Scott Peck Le Chemin le moins fréquenté (pp.223-224, 1978)

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