mercredi 23 novembre 2022

Boule de suif

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Boule de suif (1945) de Christian-Jaque


Au moment de l’entrée des armées prussiennes à Rouen, en 1870, une prostituée Elisabeth Rousset, dite « Boule de Suif », décide de quitter la ville. Pour d’autres raisons, trois « bons citoyens », Loiseau, Carré-Lamaton et Hubert de Bréville veulent fuir Rouen.

Ces messieurs et leurs « respectables » épouses se retrouvent donc dans une diligence ainsi que deux religieuses, Cornudet, un « voyoucrate » républicain et Boule de Suif.

Lors d’une halte forcée (la diligence s’est embourbée) dans une auberge tenue par les Prussiens, un officier exige de Boule de Suif des faveurs qu’elle s’empresse de lui refuser. Du coup, ses compagnons de voyage qui, la veille encore, n’auraient pas adressé la parole à une « fille », ont la veulerie de la pousser dans le lit du Prussien pour pouvoir repartir.

Une fois la chose faite et leur départ assuré, les « braves gens » affichent un mépris flagrant envers la « gourgandine ». Mais après quelques kilomètres, d’autres Prussiens arrêtent de nouveau la diligence.

Le film date de 1945. Autrement dit, ces Prussiens à casques à pointe ressemblent furieusement à des officiers de la Gestapo et les bourgeois « respectables » qui trouvent ces Prussiens si « convenables » rappellent non moins furieusement les adeptes de la « Révolution nationale » du maréchal.

Jeanson en rajoute d’ailleurs dans l’ignoble et les comédiens s’en donnent à cœur joie : Jean Brochard, Palau et Marcel Simon sont aussi « sublimement » immondes que leurs « bourgeoises » (au plein sens du terme) en tête desquelles Suzet Maïs (Madame Loiseau). Alfred Adam, habitué aux rôles de méchant, est ici Cornudet, homme intègre, cynique et surtout patriote (époque oblige !) et Louis Salou, en officier allemand « gestapiste » est un Fifi hallucinant. Micheline Presle en putain boulotte est simplement prodigieuse et tellement émouvante.

La mise en scène ne laisse place à aucune longueur et les dialogues de Jeanson colle parfaitement à cette mise en scène.  Quant au scénario, il mélange très adroitement Boule de Suif et Mademoiselle Fifi. Bref, tout est clair, lisse, sans aspérité et en même temps, foisonnant. Même si l’intérêt qu’y trouvait le public « d’origine », s’est un peu érodé, c’est toujours un plaisir de voir et de revoir Boule de Suif. Et puis, cerise sur le gâteau, Sinoël est marié à Gabrielle Fontan dans le film, alors !…

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