jeudi 10 novembre 2022

Personne ne m’aime

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Personne ne m’aime (1994) de Marion Vernoux


Annie se fait jeter dehors par son amant. Elle va chercher sa sœur Françoise qui, elle-même, soupçonne son mari de la tromper. Le mari en question est à un congrès dans le nord de la France : Annie entraîne Françoise à la poursuite de l’époux soupçonné d’infidélité.

L’hôtel du congrès est tenu par Cri-Cri qui en a assez de son hôtel et, surtout, de son bonhomme.

Annie est brouillée avec sa fille Marie. Le seul trait d’union entre les deux femmes, c’est Lucien, un ex d’Annie.

Les histoires de largués font toujours des films exaspérants ou attachants. Celui-ci se trouve dans la deuxième catégorie, bien qu’il soit aussi un peu plus qu’attachant. Les cinq « larguées » (Lafont, Ogier, Laroque, Lio et Jansen) nous entraînent allègrement et on s’attache à elles aussi rapidement et facilement qu’elles s’attachent les unes aux autres.

Mais ce qui est admirable, c’est que Marion Vernoux évite les pièges du « film de femme sur les femmes », car s’il s’agît bel et bien de largués et pas uniquement de larguéEs ; Lucien (Jean-Pierre Léaud), l’ex d’Annie, Pierre (Antoine Chapey), le chauffeur de taxi, et Meyer (André Marcon), l’amoureux transi de Cri-Cri, sont tout aussi paumés ainsi que tous les rôles secondaires, comme le mari de Cri-Cri ou le flic qui a les honneurs du plan final.

Le spectateur lui-même est volontairement largué par un scénario d’une habileté redoutable qui joue, surtout, sur un principe tout bête (mais il suffisait d’y penser) qu’on retrouvera dans Pulp Fiction, un an plus tard : on ne peut pas dater un flash-back, ce qui permet de faire voler une chronologie en éclat, ce dont Marion Vernoux ne se prive pas. Et le spectateur en question se retrouve ravi d’avoir été berné…

… Ravi, mais un peu furieux que cette remarquable comédie douce-amère, filmée avec une fluidité admirable et une légèreté déconcertante, interprétée par d’excellents comédiens, d’une justesse trop rare dans le cinéma français, n’ait pas, au sein de ce même cinéma la place qui devrait lui revenir de droit : celle d’un film de chevet.

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