lundi 28 novembre 2022

La Môme

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La Môme (2007) d’Olivier Dahan

Février 1958. Au Versailles, cabaret chic de New-York, Edith Piaf s’écroule au milieu d’une chanson. Désormais, elle ne peut plus assurer un tour de chant sans avoir plusieurs malaises.

 

Quarante ans plus tôt, la petite Edith est à Belleville à quelques mètres de sa mère qui chante et fait la quête. Lorsque Gassion, son père, est démobilisé, après la guerre, il emmène Edith alors que la mère de la petite part chanter en Afrique du Nord. Comme il doit reprendre son métier de contorsionniste des rues, il confie Edith à une amie qui tient un bordel à Lisieux.

Ça commence plutôt bien : on voit Piaf sur scène qui chante Heaven Have Mercy, une de ses plus belles chansons. Puis, elle a un malaise. Et on retrouve la petite Edith Gassion dans les rues pauvres du Belleville de la première guerre.

Malheureusement, tout le film va faire des allers-retours entre le passé de « la môme » et son âge mûr, sa vieillesse prématurée et son décès à l’âge de 48 ans. Dans le film, on ne reverra pratiquement plus Piaf en scène.

Et c’est là que le bât blesse. Il ne suffit pas de prendre une comédienne (excellente, au demeurant) de l’habiller comme Piaf, de lui faire ressembler à Piaf grâce à un savant maquillage, de lui faire jouer Piaf dans de brèves évocations au mieux anecdotiques, au pire cancanières.

Piaf, c’était une petite bonne femme physiquement fragile qui, plus que vieillir, se détériora avant l’heure, peut-être rongée de l’intérieur par « cette force qui l’habitait » comme on disait à l’époque. Et cette force, c’était Piaf en scène. Et Piaf en scène, c’est le tout début du film de Dahan et l’affiche. Elle est absente du reste du film qui, dès lors, ne se justifie plus.

Il ne reste donc que les anecdotes. La vie de Piaf se déroule là, dans le style des pires « biopic » américains, comme les titres d’albums de Tintin ou de Martine : Piaf enfant dans un bordel, Piaf devient aveugle, Piaf rencontre Louis Leplée, Louis Leplée donne son nom à Piaf, Piaf rencontre Cerdan, La Mort de Cerdan, etc… Et puis on mélange tout (c’est très tendance depuis… Pulp Fiction - attention, ça commence à dater ! -), comme si c’était un gage de réussite.

Ça présente d’autant moins d’intérêt qu’on a sans arrêt une impression de répétition : Michel Emer vient lui apporter L’Accordéoniste, elle est sceptique, elle l’écoute, « J’la prends ! » dit-elle à Michel Emer ; Charles Dumont vient lui apporter Non, je ne regrette rien, elle est sceptique, elle l’écoute, « J’la prends ! » dit-elle à Charles Dumont. La seule différence, ce sont les vingt ans qui séparent les deux chansons et l’état physique de la chanteuse.

Et puis, il y a les comédiens : ils se démènent tous comme de beaux diables pour faire vivre des personnages inconsistants et le pire, c’est que ces personnages, dans la réalité, étaient presque tous de fortes personnalités. Ici, ils sont comme l’histoire, noyés dans l’anecdote. Ils font juste un petit tour et puis s’en vont : Sylvie Testud (Momone), Jean-Paul Rouve (Gassion), Clotilde Courau (la mère de Piaf), Emmanuelle Seigner (Une pute de Lisieux), Catherine Allégret (La mère-maquerelle de Lisieux), Gérard Depardieu (Leplée) viennent assurer la promo du produit, sans oublier la tête de gondole, Marion Cotillard, Piaf jusqu’au léger zozotement, mais malheureusement pas jusqu’à la scène.

Le roman de la vie de Piaf est une assez fausse bonne idée, sauf pour avoir un César, voire un Oscar. Ça tombe bien : Cotillard a eu les deux ! Pas le film.

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