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Der Tiger von Eschnapur (Le Tigre du Bengale) de Fritz Lang (1959)
Berger, un architecte allemand, vient d’arriver à Eschnapur, alors qu’un tigre terrorise la population. Lors d’un moment de panique dû à la proximité du tigre, Berger fait la connaissance de Seetha. Alors que Berger doit réaliser une construction pour le maharadjah, Seetha, danseuse sacrée, doit s’installer à la cour du même Chandra qui est amoureux d’elle et veut en faire son épouse.
Ramigani, le frère de Chandra, qui veut prendre le pouvoir, tente pour cela de monter les prêtres, le peuple et le père de la première épouse – décédée – de Chandra contre le maharadjah et cet amour déclaré du souverain pour la danseuse va l’y aider.
Mais Seetha et Berger tombent amoureux l’un de l’autre.
Lorsqu’on lit « Le Tigre du Bengale reste anecdotique. Son sentimentalisme est désuet, le jeu des comédiens ampoulé, le personnage de Chandra transparent, les danses de Seetha ne possèdent aucune charge érotique. », on souscrit totalement aux écrits de Samuel Blumenfeld.
Las ! Comme tous les écrivaillons cinéphilo-nouvelle vaguien qui sévissent depuis cinquante ans maintenant (il serait peut-être temps que ça cesse !!!), Samuel Blumenfeld ne saurait en aucun cas faire allusion ici au « chef d’œuvre » de l’ « intouchable » Lang (bien que pour ces ploucs, ce soit dans l’autre sens du terme « intouchable », ça tombe plutôt bien pour un film qui se situe en Inde !), mais aux films d’Eichberg pour lequel il reprend, dans ce style moutonnier qui caractérise la critique cinématographique, ce qu’en disait les beaux esprits dans les années soixante à propos de films qu’ils n’avaient même pas vus.
Selon le même principe hautement dogmatique et parfaitement crétin (excusez le pléonasme !) qui veut qu’on ne puisse trouver de mauvais film chez Renoir ou Grémillon ou de bon film chez Duvivier ou Clouzot, Lang est à la fois Dieu et son propre prophète : il dit qu’il est sublime et comme il est sublime, ce ne peut être que vrai. CQFD !
Ils vont d’ailleurs jusqu’à être plus « langien » que Lang lui-même (ce qui n’est pas rien étant donné la très haute estime dans laquelle le « Maître » tenait son immodeste personne), lorsqu’ils encensent Moonfleet que Lang n’aimait pas.
Bref, le diptyque indien de Lang ne peut-être que l’œuvre magistrale d’une sorte de Bouddha du cinéma parvenu au faîte de sa gloire. D’ailleurs, pour s’en persuader, on tapera allègrement sur le diptyque de Richard Eichberg sans crainte d’être contredit par qui que ce soit et ce, pour deux raisons majeures :
1. A l’époque où tous ces beaux esprits se répandaient en sarcasmes sur l’œuvre d’Eichberg, ces films étaient invisibles, frappés par un embargo bien compréhensible qui s’abattait alors sur tout le cinéma allemand produit entre 1933 et 1945. Ces films « totalement nuls et méprisables », ils ne les avaient donc pas vus.
2. A la même époque, défendre un cinéaste nazi contre le réalisateur (forcément génial) d’un certain nombre de films antinazis eut semblé, pour le moins, d’un goût douteux.
Seulement voilà : si les deux films d’Eichberg ne peuvent, j’en conviens, être qualifiés de chefs
d’œuvres, les deux productions kitschissimes, rasoirs, mal écrites, mal
foutues, mal jouées et totalement grotesques du maître Lang donnent tout de
même un avantage à Eichberg qui lui, au moins, réalise un film de son temps.
Réaliser cette histoire désuète en technicolor ne la rend pas plus moderne, surtout lorsqu’elle est interprétée par deux médiocres cachetonneux du cinéma allemand des années 50 (Paul Hubschmidt et Walther Reyer) et une sous-sous-star américaine (Debra Paget) et réalisée, certes avec conviction, mais sans talent par un égocentrique dictatorial et en bout de course.
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