mardi 25 octobre 2022

Le Tigre du Bengale (Eichberg)

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Der Tiger von Eschnapur (Le Tigre du Bengale) de Richard Eichberg (1938)

Sacha Gregorieff, venu à Eschnapur avec deux complices, pour chercher un trésor, est contraint de se débarrasser d’eux. Il gagne la ville à travers la jungle et fait en sorte de se faire « sauver » par le maharadjah Chandra.

 

En fait, Sacha a connu Sitha, la femme de Chandra, à Paris et ils sont tombés amoureux. Mais Chandra est jaloux et Sitha sait que Sacha risque sa vie en voulant la revoir, d’autant qu’elle est surveillée de près par le frère de Chandra, Ramigani, qui voudrait prendre la place de son frère aux côtés de Sitha et sur le trône d’Eschnapur.

Réalisé en pleine période d’expansion du cinéma nazi (en fait, en pleine période d’expansion du nazisme lui-même), le film d’Eichberg, comme la quasi-totalité de la production allemande de l’époque veut avant tout rivaliser et battre le cinéma américain sur son propre terrain : l’aventure exotique sur fond de passion amoureuse et catastrophe naturelle. Le double film d’Eichberg suit Les Trois lanciers du Bengale d’Henry Hathaway et précède de peu (un an) la sortie de la première version de La Mousson de Clarence Brown.

Le scénario est de Théa Von Harbou. Le roman date des années vingt et il est bien dans la veine de la littérature de gare qui fascinait à l’époque : les « colonies » dans lesquelles des « indigènes arriérés » masquent plutôt mal des mystères insondables. L’Egypte et l’Inde sont, tout naturellement, les pays dont le prestigieux passé cache encore suffisamment de mystères pour alimenter l’imaginaire des scénaristes.

Naturellement, quelques indices nous rappellent l’époque et le pays où le film fut tourné : les mœurs cruelles et sauvages des sous-hommes indiens contrastent outrageusement avec les valeurs d’honneur et de chevalerie de l’aventurier allemand au grand cœur. Mais cette constance des films nazis de tendance « colonialiste » est plutôt moins choquante ici que (et c’est un comble, mais ça s’explique très bien !) dans le remake de Fritz Lang.

Que cette histoire pas très intéressante ait pu faire l’objet de cinq versions successives semble assez étrange. Mais la version d’Eichberg se laisse regarder sans déplaisir et le soin apporté à l’esthétique, tant dans les décors que dans la photographie nous pousse à réévaluer ce film de façon beaucoup plus objective que tous les thuriféraires neu-neu de la nouvelle vague qui ne jurent que par les nanars de Fritz Lang ont pu le faire en leurs temps pour un film, qui plus est, qu’ils n’avaient sans doute jamais vu (la version d’Eichberg, comme tout ce qui touche au cinéma nazi, était invisible jusque dans les années quatre-vingt-dix).

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