dimanche 30 octobre 2022

Arthur Rambo

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Arthur Rambo (2021) de Laurent Cantet

Karim D. vient de publier son premier roman qui obtient un succès fracassant.

Et c’est lors d’une soirée donnée par son éditeur que tous les invités se retrouvent inondés de tweets à caractère raciste, misogyne et homophobe, tous signés « Arthur Rambo ».

« Arthur Rambo », ce fut le pseudonyme de Karim, il y a quelques années et tous ces tweets, il les a postés « au second degré ».

Mais les réseaux sociaux s’accommodent mal du second degré et on ne laisse même pas à Karim, le temps de s’expliquer.

Les ventes de son livre s’effondrent et il est brocardé par tout le monde y compris, et surtout, par son éditeur.

Ah, les réseaux (a)sociaux !

En février 2017, Mehdi Meklat, jeune écrivain et journaliste au « Bondy Blog », encensé par la presse et enfant chéri des médias, se retrouvent au milieu d’une tempête qui va rapidement tourner à l’ouragan lorsqu’on commence à publier des tweets qu’il aurait posté sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps entre 2011 et 2015.

Ce personnage fictif, « honteux, raciste, antisémite et homophobe » selon les propos de son auteur lui-même, va provoquer un scandale médiatique dans lequel Deschamps-Hyde va emporter Meklat-Jekyll.

Ici, c’est Karim qui sera emporté par Arthur Rambo : les tweets que l’on voit dans le film sont d’authentiques posts de Marcelin Deschamps.

La force du film, c’est la diversité des points de vue et cette diversité nous fait découvrir son entourage, en même temps que lui-même le découvre. Il s’aperçoit ainsi que son petit frère prenait les tweets « parodiques » d’Arthur Rambo au premier degré.

D’ailleurs, sa mère lui dit : « Je suis le personnage central de ton livre et tu me parles comme à une idiote ! »

Et cette multiplicité des points de vue (et des réactions) permet de mesurer le cataclysme que toute cette hystérie médiatique va provoquer dans la vie de Karim.

Jusqu’à l’apaisement, jusqu’à cette scène où Karim, en désespoir de cause va chercher secours auprès d’une écrivaine qui est, en quelque sorte, son mentor, une scène splendide avec Anne Alvaro.

En réalité, c’est l’ensemble du casting qui est remarquable avec Rabah Naït Oufella dans le rôle que je qualifierais plus de rôle principal que de rôle-titre puisqu’il est quand même, semble-t-il, plus Karim D qu’Arthur Rambo.

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