dimanche 9 octobre 2022

Le Client

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Forushande (فروشنده )(Le Client) d’Asghar Farhadi (2016)

Enad et Rena sont comédiens à Téhéran. Ils habitent au centre de la ville dans un immeuble ancien qui menace de s’écrouler.

Le directeur du théâtre dans lequel le couple joue « Mort d’un commis voyageur » est propriétaire d’un appartement qu’il leur prête. Mais il omet de leur dire que l’ex-locataire qu’il vient de jeter dehors est une prostituée.

Rena, restée seule dans l’appartement, va prendre une douche en ayant laissé la porte d’entrée ouverte puisqu’Enad doit revenir dans les cinq minutes.

Et c’est à ce moment qu’elle est brutalement agressée.

Depuis quelques temps, on peut observer, au sein de la critique cinématographique parisienne bobo et bien-pensante, un bien étrange phénomène.

Certains cinéastes « encartés » (« Ça suffit cette histoire de cartes ! » glapirait Diafoireux) sont en train de… perdre leurs cartes, peut-être pour qu’il ne soit plus jamais question de cartes et d’encartés !...

Atom Egoyan, Wim Wenders, Werner Herzog… jusqu’au « sublimissime » petit génie de la Belle Province, Xavier Dolan dont le discours larmoyant au dernier Festival de Cannes fit pleurer tous les critiques… de rire sont voués aux gémonies après avoir fait se pâmer, quelquefois jusqu’à l’orgasme une critique souvent moutonnière.

Il semble qu’Asghar Farhadi est passé, avec ce Client du paradis au purgatoire (en attendant l’enfer ?).

La faute en est peut-être à un apparent assentiment des autorités iraniennes pour l’auteur de Une séparation qui l’avait fait classé un peu vite dans le camp des cinéastes « rebelles ». Et même si ses films sont un peu… limites, au vu de l’orthodoxie d’une république islamique, Farhadi a toujours eu l’intelligence de se faufiler dans les fissures (quelquefois béantes) d’un système beaucoup moins étanche d’autant qu’il est quand même réputé pour être assez dissolu.

D’ailleurs, ce qui gêne nos critiques hexagonaux, c’est la « morale » du film qui brocarde le comportement du client d’une prostituée, d’ailleurs encore plus brocardée que ledit client puisque « effacée » progressivement des différents montages du film jusqu’à en disparaître complètement.

Restent les trois personnages de l’agresseur, de la femme agressée et de son mari. On comprend donc que la femme-leurre ait disparu, car ce qui intéresse Farhadi, c’est le cas de conscience, un cas de conscience toujours présent dans ses films que soit dans Une séparation, La Fête du feu, Les Enfants de Belle-Ville

… Toujours présent et toujours difficile à appréhender puisque le scénario est jalonné de pièges et nous laissent ignorer les tenants et les aboutissants du cas de conscience lorsqu’il ne nous pousse pas dans une mauvaise voie.

Une mise en scène virtuose et un casting impeccable servent à merveille ce scénario assez tortueux. Ce n’est pas pour rien, d’ailleurs, que ce scénario a été primé à Cannes.

Ce qui est beaucoup moins compréhensible, c’est le prix d’interprétation à Shahab Hosseini dans le rôle d’Enab. Non que le comédien soit mauvais, mais on peut regretter que Taraneh Alidoosti dans le rôle de Rana et Farid Sajadhosseini dans celui du « client » n’aient pas eu le prix qu’ils auraient mérité tout autant !

Ce qu’on peut regretter aussi, ce sont les interminables digressions théâtrales qui nous imposent des extraits un peu trop longs de la Mort d’un commis voyageur de Miller, pièce tout aussi emmerdante en iranien qu’en anglais ou en français !

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